Gina, 47 ans, touriste angolaise
C’est la première fois que vous venez à Paris ?
Oui c’est la première fois que je viens visiter l’Europe et Paris. J’ai visité Lisbonne avant de venir à Paris.
Que faites-vous dans la vie ?
Je travaille dans l’hôtellerie à Luanda, en Angola.
Depuis combien de temps êtes-vous à Paris ?
Ça fait 5 jours que je suis à Paris ; je reste 10 jours et après je retourne à Lisbonne avant de rentrer en Angola.
Comment avez-vous trouvé la ville de Paris ?
J’ai aimé visiter la ville de Paris, je l’ai trouvé très belle, mais ce qui me fait peur et qui m’a choquée, c’est la saleté, j’ai trouvé Paris très sale. Dans les publicités pour les parfums et dans les magazines, Paris est belle et propre, mais la réalité c’est autre chose. On dit que l’Angola est sale mais ici c’est plus sale que certain endroits de Luanda ! Je trouve Lisbonne plus propre que Paris.
Quels sont les endroits de Paris que vous avez visités ?
Je suis allée sur les Champs-Élysées, c’est une très belle avenue. J’ai visité aussi la Tour Eiffel, Bastille, République, Opéra, les Galeries Lafayette, la Tour Montparnasse, Saint-Germain et le musée du Louvre… et je suis allée au bois de Vincennes et à la Foire du Trône. Le bois de Vincennes est comme le jardin ou le paradis dans les livres des témoins de Jéhovah, c’est très beau, j’avais l’impression d’être dans un paradis.
On dit que Paris c’est la capitale de l’amour, qu’en pensez-vous ?
Je pense que oui, par rapport à tout ce que j’ai vu. Les couples ne se cachent pas, ils ont l’air heureux. J’ai vu des hommes avec des hommes et des femmes avec des femmes en couple dans les rues de Paris, libres et heureux ; d’où je viens, il n’y a pas toute cette liberté.
Avez-vous trouvé l’amour à Paris ?
Non je suis déjà mariée ! Je suis juste venue voir ma famille et faire une une visite médicale globale.
Quels sont vos projets à court terme ?
Prendre en main ma vie, je vais complètement changer ; maintenant que j’ai visité l’Europe, je dois regarder de l’avant, avec tout ce que j’ai vu ici à Paris et à Lisbonne, je ne peux plus rester dans un endroit sans rien faire. Je vais m’occuper de moi, me battre pour atteindre certains objectifs que je me suis fixés, et revenir en Europe.
Que veut dire le mot liberté pour vous ?
La liberté pour moi c’est savoir conduire sa vie, être le capitaine de sa vie, et être libre dans tous les sens du terme.
Vous sentez-vous libre ?
Oui, je me sens libre, j’ai Dieu avec moi.
Quelles sont vos modèles et les personnes qui vous ont influencée ?
Il y a beaucoup de monde, mais principalement ma mère, qui m’a toujours dit que je pouvais réussir tous ce que j’entreprendrai un jour ; et mon frère : il a un grand sens de l’empathie et un grand cœur, il m’a beaucoup influencée et aidée dans la vie. Il y a aussi Dona Palmira, Dona Rosaria et M. Joao.
Quel est le rôle de la musique dans votre vie ?
La musique m’apporte la joie.
Quel est le premier album que vous avez acheté ?
Celui de Roberta Miranda.
Si vous n’aviez aucune contrainte ni d’argent, ni de santé, que feriez-vous ?
Je pense que la plupart des gens vous diront qu’ils feraient le tour du monde avec tout cet argent et la santé. Je pense que si j’avais la santé et l’argent, j’irais aider les autres. Les gens qui ont tout ne veulent rien savoir de ceux qui n’ont rien, eux seuls comptent. Pour moi avoir une maison, une voiture pour me déplacer, c’est suffisant, avec la santé et un peu d’argent pour vivre. Le trop d’argent provoque seulement des problèmes de santé et des ennemis, le fait de partager et d’aider les autres, c’est la meilleure des choses.
Que pensez-vous de tous ces réseaux sociaux et d’internet ?
Ces réseaux sont venus pour nous aider, mais ils sont en train de nous détruire petit à petit, ça éloigne les gens même si cela permet aussi de rapprocher les familles qui habitent à l’autre bout du monde.
Que pensez-vous de tous ces sites de rencontres ?
Je pense que c’est très dangereux, on ne sait pas qui est derrière l’écran, et il y a des morts : des jeunes ados, des hommes, des femmes… à cause de ces rencontres virtuelles sans lendemain. Ces sites de rencontres virtuelles détruisent des couples et séparent des familles. En Angola, certaines personnes qui vont à ces rendez-vous se font piéger et ne donnent plus signe de vie, certains se font violer, on a de la chance si on les retrouve vivants, parfois on retrouve juste un corps sans vie. C’est vraiment très dangereux en Angola ces sites de rencontres.
Quel est le secret de la longévité du couple, selon vous ?
Le secret pour que le couple dure, c’est la patience, il faut avoir beaucoup de patience. Beaucoup de gens rencontrent de nouvelles personnes dans leur vie et pensent que c’est la bonne personne, celle qui leur est destinée, et que c’est l’amour fou ; alors le couple dure 6 mois, ou le temps de la première année de cohabitation. A la maison il y a beaucoup de bagarres et beaucoup de défaites, il faut savoir pardonner parce qu’on ne peut pas vraiment changer l’autre. On ne doit pas rester sur nos pensées négatives du couple, mais plutôt penser à ce qui nous réunit après 5,10 ans de couple et de cohabitation. Il faut avoir beaucoup de patience parce que ce n’est pas rose tous les jours la vie de couple, parfois il y a de la tension qui peu durer un jour ou des semaines, voire des mois ; un jour tout va bien, un jour rien ne va, c’est ça la vie de couple, jusqu’à la vieillesse.
Quel a été votre sentiment lorsque vous avez touché votre premier salaire ?
J’étais très heureuse, même si ce n’était que 100 dollars.
Quel est votre vision du monde aujourd’hui ?
En ce moment en Angola il y a quelque chose qui me choque, c’est qu’il y a beaucoup de jeunes qui sombrent dans la drogue, l’alcoolisme… Il y a beaucoup de jeunes perdus dans les rues de Luanda. Ces jeunes devraient travailler mais il y’a rien pour eux. Et quand ils travaillent, le salaire ne va pas. Le monde d’aujourd’hui est en train de détruire beaucoup de jeunes, et beaucoup de mères de familles pleurent pour leurs enfants et souffrent.
Qui est Gina aujourd’hui ?
C’est une femme de 47 ans, mariée, avec des enfants et petits-enfants Je ne sais pas si je suis bien mariée, mais je suis heureuse de ma manière de vivre.
Comment vous voyez-vous dans 10 ans ?
Je me vois à la maison en train de m’occuper de mes petits-fils… (rires)