Sophie, 50 ans, psychologue
Pouvez-vous nous raconter votre parcours en quelques mots ?
Mon parcours psy a été un peu long avant que je ne sois diplômée. Ma vie n’a pas été un long fleuve tranquille mais j’ai réussi à mener ma barque et à faire ce que je désirais faire : devenir thérapeute et valider un diplôme universitaire qui m’a donné le titre de psychologue clinicienne. J’ai commencé mes études de psy juste après le Bac, mais je les ai laissées très vite en suspens à ce moment-là parce que je ne me sentais pas prête. J’avais besoin d’autre chose. J’étais déjà en couple. Nous avons eu deux filles.
Et j’ai alterné travail (dans le commerce, l’artisanat, le milieu agricole, l’éducatif) et études tout en m’occupant un max de mes enfants. Cela a grandement nourri ma pratique de thérapeute et ça continue. Ensuite, je me suis formée en thérapie brève et en hypnothérapie. Aujourd’hui, je continue d’étudier. Les neurosciences, la nutrition, les medecines alternatives et naturelles, les phénomènes de guérison, le développement perso et la spiritualité occupent mon quotidien et me nourrissent. Je ne m’ennuie pas.
Quels ont été les éléments déclencheurs qui vous ont poussée à faire de la psychologie ?
C’est la compréhension de l’être humain et je crois, comme beaucoup de psychologues, le besoin de se comprendre soi-même… On va dire : comme beaucoup de jeunes apprenti-psychologues. Il y a un désir de se comprendre en tant qu’être humain et de comprendre les relations. Les études, c’est aussi pour apporter une compréhension du fonctionnement psychologique, émotionnel et relationnel. Pour moi c’était vraiment pour ça et pour faire la paix avec le passé. J’ai vécu une enfance difficile et une adolescence perturbée par la maladie. Une jeune amie et mon père sont décédés d’un cancer.
J’avais 10 ans quand mon amie est morte, 15 ans quand mon père est mort. La maladie a fait plus de dégâts que le deuil lui-même. A cet âge, on perd ses repères. C’est difficile.
Et puis j’avais un prof de philo au lycée qui était passionnant et passionné. Il nous donnait des cours qui vraiment m’inspiraient. Qu’est-ce que le conscient/l’inconscient . Ce cours là a changé ma façon de voir la vie. Et il y avait Sartre, l’être et le néant… tout un programme ! j’étais vraiment « renversée » par toutes ces notions.
Parallèlement à mes études de psy, j’ai fait et je fais encore un travail thérapeutique qui me parait nécessaire pour pouvoir pratiquer.
Vous avez fait une psychanalyse avant de devenir psychologue ?
Oui, j’ai commencé à l’âge de 23 ans jusqu’à l’âge de 30 ans, j’ai fait une psychanalyse qui a duré sept ans. Après j’ai arrêté, mais je continue toujours de travailler avec une psychologue dont je suis la patiente. Je trouve cela important.
Vous avez un cabinet ? Ou vous travaillez dans un hôpital ?
J’ai mon cabinet. J’en ai même trois, je consulte en région Centre sur différents lieux notamment à la campagne où malheureusement il y a un vrai désert médical.
Depuis combien de temps consultez-vous ?
Ça fait neuf ans que j’ai ouvert mon cabinet et que je fais des consultations.
Vos patients reviennent-ils vous remercier de l’aide que vous leur avez apportée ?
En général, c’est quand nous avons terminé notre travail que les personnes me remercient, et souvent au cours de la thérapie quand des blocages se lèvent.
Ça arrive peu qu’ils viennent me voir juste pour cela. Une fois que le patient est parti, il est parti. Il est rare qu’on se revoie. Parfois on se croise (je vis à la campagne et on peut se croiser au marché) et quand ça arrive, certains viennent me voir pour donner des nouvelles, d’autres sont plus discrets.
Parfois, c’est parce que je les revois plus tard pour un autre cap à passer dans leur vie qu’ils me donnent leur feed-back sur le travail que nous avons fait ensemble auparavant. C’est très gratifiant. Ils m’ont fait confiance une fois. Ils savent qu’on peut avancer ensemble et ça c’est vraiment chouette.
Par exemple en ce moment je revois des personnes que j’ai vues il y a six ans et qui avaient été super contents de leurs progrès. Ils reviennent pour une autre raison, par exemple pour leur enfant. Parfois ils envoient des mails pour me remercier et ça c’est bon. Ça fait plaisir mais je leur rappelle que c’est notre travail commun qui les a fait avancer. Moi, en fait je ne fais que les accompagner sur leur chemin.
Combien de temps peut durer une consultation ?
Une consultation dure 45 mn. Mais le parcours thérapeutique varie d’une personne à l’autre, tout dépend de ce qu’elle traverse et de ses objectifs thérapeutiques.
Je pratique la thérapie brève, quelquefois pour un problème particulier ça peut-être trois ou quatre séances, s’il n’y a pas de choses graves, si la situation se débloque alors c’est terminé pour cette personne.
Parfois ça peut-être une dizaine de séances ou plus, plusieurs années pour d’autres personnes qui ont des besoins particuliers : souvent ils ont besoin d’écoute et de soutien régulièrement. C’est vraiment très personnel et chaque fois différent d’une situation à l’autre. Mais le but pour moi c’est l’autonomie de la personne, qu’elle sache trouver ses ressources personnelles et fonctionner sans être obligée de chercher ailleurs ce qu’elle a en elle.
Vous voyez beaucoup de personnes souffrantes, comment faites-vous au quotidien dans votre vie privée avec toute cette charge émotionnelle ?
D’abord, le travail que j’ai fait sur moi m’a appris à mettre de la distance par rapport à l’autre : l’autre n’est pas moi, je ne suis pas lui. Quand l’autre souffre, ce n’est pas moi qui souffre, c’est l’autre et je suis là pour contenir sa souffrance, pour l’accueillir, pour l’entendre et pour l’aider à la transformer. Ce n’est pas ma souffrance, je suis empathique mais je ne souffre pas avec l’autre, je ne tombe pas avec lui. La souffrance me donne juste envie de l’éradiquer.
Ce qui est plus pénible pour moi sont certaines personnes énergivores – mais ça c’est encore autre chose.( Rires ) Il est donc nécessaire de faire la part des choses et de savoir se ressourcer en tant que thérapeute pour ne pas se faire envahir par les problèmes du patient. Tout cela s’apprend. Faire du sport, bien s’alimenter, faire des pauses, partir régulièrement en vacances, faire des choses qu’on aime et s’arrêter si la fatigue pointe le bout de son nez.
Pour aider l’autre, il faut avoir du plaisir à le faire, avoir du discernement, il faut savoir se recentrer et surtout continuer d’apprendre. C’est un petit raccourci mais dans l’idée, c’est ça.
Quel bien tirez-vous de toutes ces consultations ? Est-ce quelque chose qui vous enrichit ?
Oui c’est quelque chose qui m’enrichit. D’abord ça nécessite une grande ouverture d’esprit pour accueillir l’autre dans sa différence, et mon travail de psychologue m’a appris à considérer que l’autre est autre, qu’il a un espace psychique très différent du mien.
Même si dans un premier temps on pourrait avoir cette tendance à émettre un jugement parce qu’on est humain et qu’il est facile, rapide et très humain de juger… Et même si on est psychologue, on peut se dire : « waouh, c’est qui cette personne ? » et d’emblée avoir des a priori.
Tout le travail de psychologue c’est de laisser tomber tout ça et d’accueillir l’autre dans sa différence. Et la différence est toujours riche.
Je dirais que mes patients m’ont beaucoup appris : ils m’apprennent sur la vie, sur comment ça marche la vie et/ou comment ça ne marche pas, ils me donnent des leçons, me font me remettre en question quand c’est nécessaire. Oui, ils m’apprennent beaucoup et m’apportent beaucoup.
Je leur dit souvent. Ensuite, les consultations me permettent de relativiser mes propres problématiques d’être humain. Certains ont vécu des choses tellement affreuses et ont une telle soif de vivre qu’on ne reste pas indifférent. Du coup quelquefois si je suis un peu en mode « off” et que je n’ai pas trop envie d’y aller souvent la difficulté de l’autre est un challenge pour moi, ça me revitalise et ça me rebooste, c’est plutôt positif et c’est vraiment constructif.
Quel est le rôle d’un psychiatre et d’un psychologue ?
Ce n’est pas la même chose : le psychiatre est un médecin, il a fait des études de médecine avec une spécialisation en psychiatrie. Il va avoir une approche plus biologique des processus mentaux, des pathologies mentales. On est ici vraiment dans le domaine médical : on considère qu’une dépression c’est une maladie donc va la soigner avec des médicaments. Il peut y avoir des psychiatres qui s’ouvrent à une approche thérapeutique plus « psychologique », ils vont aider l’autre à changer sans passer forcément par les médicaments, mais ça reste assez rare, selon moi.
Le psycholoque, lui, n’est pas médecin. Il a une formation universitaire différente : il va traiter les processus psychologiques, émotionnels et relationnels de manière différente. On se positionne ici moins du côté biologique, on est plus du côté psychique et émotionnel. Ce sont deux visions différentes, complémentaires et qui devraient l’être plus souvent. Il y a aussi différents courants en psychologie (humaniste, systémique etc…) et tout le monde ne travaille pas de la même façon. Il y a autant de pratiques psy qu’il existe de psy. Il y a beaucoup de paramètres en jeu dans une relation thérapeutique. Mais globalement, on pourrait résumer facilement cette différence ainsi.
Certains disent que les psychiatres et les psychologues sont plus fous que leurs patients, comment l’interprêtez-vous ?
(Rires) Je dirai que le psychiatre rencontre plus des gens atteints psychologiquement de pathologies lourdes comme une dépression sévère, ou une bipolarité ou encore une schizophrénie, avec un tableau clinique très marqué, répertorié et pour lequel il existe un arsenal thérapeutique et biochimique.
Moi, en tant que psychologue, il est très rare que j’aie des patients lourdement « psychiatrisés ». D’autres psychologues pourraient les recevoir mais ce n’est pas mon cas. La majorité des patients que je reçois ont des troubles anxieux, relationnels, dépressifs ou des crises de changement de vie. Je reçois aussi beaucoup de haut potentiels qui sans le savoir qu’ils le sont, cherchent à comprendre leur fonctionnement et à mettre en place de changements dans leur vie.
Ceux là aussi sont angoissés, manque d’estime d’eux mêmes ou passent par la dépression. Bref, ils ont besoin d’aide.
Bien sûr, je n’ai pas des statistiques sur le degré de folie des psychologues en général ou des psychiatres en particulier ! Mais effectivement je pense qu’il y en a certains qui sont vraiment tarés…(rires)
Ça va dépendre aussi du regard que les gens ont sur les psychologues et la façon dont se voient les psy; moi je trouve que le psychologue fait peur encore. Il intrigue et est à tord vu comme supérieur. Il y a quand même encore beaucoup à faire pour que ces présupposés cessent. Je trouve – et ça c’est vraiment très perso – que l’idée que les gens se font du psychologue est qu’il va accéder aux mouvements de leur pensée, un peu comme une espèce de médium qui rentre dans le cerveau de l’autre pour aller voir ce qui s’y passe. Il n’en est rien.
Il y a une représentation sur le psy et dans la population psy – mais je ne me sens pas concernée –, une sorte de narcissisme qui fait qu’il y a des psychologues qui se croient au-dessus des autres ; mais c’est plutôt dans la psychanalyse, selon moi, et ça n’engage que mon humble avis. Les psychanalystes (pas tous évidemment) ont un peu cette tendance à se comporter intellectuellement comme ayant toute la connaissance savante sur l’autre. Le discours psychanalytique reste flou pour beaucoup et peu enclin à communiquer clairement au grand public.
Cela génère une sorte de malaise que je constate régulièrement en consultation quand après des suivis longs avec un psychanalyste les personnes sont encore en errance thérapeutique. Je trouve ça très néfaste pour la profession en général, parce qu’à côté de ça, il y a des psychiatres supers, des psychologues géniaux, qui font un travail chouette, vraiment profond et constructeur.
Il y a vraiment de belles personnes très ouvertes et très empathiques, qui sont vraiment dans cette dynamique pour faire en sorte que leurs patients soient les plus autonomes et épanouis possible.
Être psychologue ce n’est pas être garant d’une bonne santé mentale et le psychologue n’est pas garant d’avoir une relation saine avec les autres, ce n’est pas le diplôme qui fait la personne.
Quelles sont les qualités d’un bon psychologue ?
Les qualités pour être psy ?
Etre Accueillant, empathique et sympathique : l’originalité, l’écoute, la qualité de présence sont aussi la base. Le psy doit être aussi ouvert d’esprit, curieux, il doit savoir se remettre en cause, ne pas être dans le jugement et avoir fait un travail sur lui-même. Si ce n’est pas le cas, comment peut-il demander à un patient de faire un travail qu’il n’a pas lui-même expérimenté ? Cela reviendrait pour moi à être comme un moniteur d’auto-école qui n’a jamais conduit une voiture. Il faut aussi avoir de l’humour et de l’humilité. Voilà, ça fait beaucoup mais c’est pour moi le minimum syndical. Il doit aussi continuer d’étudier, sans cesse.
Est-ce qu’un psychologue consulte un autre psychologue ou psychiatre ?
Ce n’est nullement une obligation mais selon moi c’est mieux de passer par la thérapie.
Moi je consulte, mais tous ne le font pas : je connais plusieurs psys qui n’ont jamais mis les pieds chez un psy.
Quand vous consultez un psy, vous sentez-vous comme un patient que vous recevez dans votre cabinet ?
Oui, je suis une patiente comme n’importe qui.
Mais la personne en face de vous ne sait pas que vous êtes psychologue ?
Si elle le sait, mais c’est quelqu’un que je consulte en tant que patiente. Je trouve qu’il est important pour le psychologue de continuer à avoir un suivi régulièrement car le psychologue est un être humain, il traverse des expériences toute sa vie et peut être bousculé ; ça ne l’empêche pas de pratiquer, en revanche c’est important qu’il travaille sur lui pour être en bonne condition psychologique pour accueillir l’autre.
Comment faites-vous pour évacuer la pression de la journée, de la semaine, de l’année ?
Je pratique la méditation, l’auto-hypnose et certaines activités physiques. J’aime jardiner et me balader avec mon chien. Il y a aussi la nature, bien manger, bien dormir et prendre le temps de se reposer régulièrement ; c’est vraiment important. Et je voyage. Et je ne fais rien de temps à autre.
Faites-vous aussi des consultations d’hypnose pour vos patients ?
Dès l’instant où j’ai été diplômée, je suis rentrée en formation d’hypnose parce que je voulais faire ça depuis longtemps. J’ai pu trouver le temps de faire cette formation et très vite après mon installation, j’ai commencé à étudier puis à pratiquer l’hypnose.
Aujourd’hui, dans vos consultations, vous mélangez la psychologie et d’hypnose ?
Je propose à tous mes patients de travailler en hypnose au fur et à mesure qu’il y a des blocages qui se présentent et des problématiques qui arrivent, pour faire le vide, lacher des tensions, libérer des émotions, transformer des comportements. Faire la paix avec le passé ou encore pour arrêter de fumer. Certains ne souhaitent pas. Chacun est libre.
Est-ce que l’hypnose est un jeu de regard avec le patient comme on le voit à la télé, ou c’est autre chose de plus profond qui demande des éléments que vous n’avez pas en tant que psychologue ?
Quand on fait des séances d’hypnose stricto sensu, non, le regard n’a pas d’importance parce qu’on n’est pas en face à face. En tout cas moi je ne travaille pas comme ça.
Le regard est important dans les consultations en général. Quand nous échangeons hypnose ou pas. Nous sommes face à face, c’est important d’avoir un regard bienveillant et d’être soutenant, c’est de la communication non verbale qui passe aussi par le regard.
Mais l’hypnose c’est ne pas comme vous croyez : votre tête est lourde, dormez, dormez, je le veux… et vous tombez par terre… (rires). Perso, non je ne fais pas ça.
Le fait d’être hypnothérapeute en plus de psychologue, est-ce que ça fait de vous quelqu’un de meilleur, avec plus de pouvoir et d’influence sur les autres ?
Je ne vois pas ça comme ça. Je ne suis pas meilleure en tant que thérapeute. Je suis la thérapeute que j’aurai voulu rencontrer plus jeune. Rires . Je dirais que l’hypnothérapie est un plus, elle permet à l’autre de se renforcer en laissant partir de vieux schémas de fonctionnement. Je n’ai pas de pouvoir sur l’autre, et je ne prétends pas en avoir. Je ne suis qu’une accompagnatrice pour amener l’autre à accéder à ses processus de changements. Le processus hypnotique est naturel, je ne suis là que pour guider la personne dans ce processus et lui permettre d’accéder à ses propres processus d’auto-guérison.
À quel moment savez-vous que le patient va mieux ?
Quand il le dit lui-même. Et moi je le vois: les personnes changent physiquement quand elle vont mieux, c’est vraiment incroyable mais tellement vrai. Souent elles ne s’en rendent pas compte tout de suite.
Si les patients ne disent rien, les consultations peuvent continuer ?
À chaque consultation j’évalue comment ils vont par rapport à la fois d’avant. Parfois ils ne disent rien mais moi je le vois tout suite quand ils arrivent, parce qu’ils changent. En général le patient qui va mieux se redresse, il a les traits relâchés et le sourire.
Le sourire n’est pas trompeur, ne peut-il pas cacher un mal-être ?
Pas forcément : en consultation on est dans une relation particulière, ce n’est pas la vie de tous les jours, c’est un moment où la personne est là pour se raconter.
Si la personne vient pour me faire croire qu’elle va bien alors qu’elle ne va pas bien, ça n’a aucun intérêt.
Je sais à force de pratique quand une personne va bien. Ça va faire dix ans maintenant que je fais des consultations, j’utilise beaucoup mes intuitions en matière de thérapie. Ça fonctionne, pas toujours (il y a des exceptions) mais globalement oui.
J’ai fréquenté certains cabinets de docteurs ou de psychologues et j’ai constaté que leur approche était froide et distante, je n’ai pas senti un très bon accueil non plus. Comment faites-vous ?
J’utilise beaucoup l’humour. Je les reçois, je leur dis bonjour, enchantée, je m’appelle Sophie, je leur donne une poignée de main et je reste souriante, je dis : on va faire connaissance et je leur demande ce qui les amène. Je leur pose souvent la question : qu’est-ce que qui a fait que vous avez pris le téléphone pour m’appeler ? L’accueil est vraiment important et l’energie du psy aussi.
Prescrivez-vous des médicaments, ou c’est uniquement les psychiatres ?
En tant que psychologue non, c’est uniquement le psychiatre qui prescrit. Le psychologue n’est pas médecin donc pas de prescription ?
Est-ce que les médicaments qu’on donne soignent vraiment les patients qui les consomment ?
Non, il ne soignent pas. Ils soutiennent, aident, maintiennent, permettent de passer un cap. Après, c’est un domaine complexe qui mériterait d’être envisagé de manière plus exhaustive. Ce serait trop long ici.
Pourquoi en donner alors ?
On donne, selon moi, souvent des médicaments à tort. Par exemple quand quelqu’un se sépare ou quand la personne est endeuillée, des antidepresseurs sont souvent prescrits alors que lorsqu’ on a perdu quelqu’un, la souffrance est normale. Une séparation aussi est douloureuse mais cela ne nécessite pas forcément une prescription.
Or, beaucoup de médecins, même des généralistes, donnent des antidépresseurs, trop rapidement pour bien faire je pense mais ce n’est pas toujours la meilleure solution. Et puis il y a la pression sociale, les exigences en terme de rentabilité. Les antidépresseurs permettent de normaliser un comportement qui fera qu’en salarié ira bosser. Le problème de fond n’est pas réglé mais la personne va mieux plus vite.
C’est mon point de vue qui n’engage que moi. A coté de cela, il y a quand même des pathologies lourdes qui nécessitent un traitement à vie et si tout est bien mesuré alors ça devrait bien se passer. Dans l’idéal, il serait mieux de trouver un équilibre sans cela mais je trouve qu’il y a trop d’usage de psychotropes qui ne sont pas toujours nécessaires.
Les traitements sont importants, mais ils devraient être prescrits à un moment donné pour être arrêtés plus tard. J’ai rencontré une psychiatre l’année dernière qui accompagne ses patients pour qu’ils ne prennent plus de médicaments, mais c’est la seule que je connais qui pratique ainsi d’emblée. Elle peut prescrire mais dans l’optique que ça s’arrête.
Vous conseillez le sevrage ?
Je n’ai pas le droit de conseiller le sevrage, je dis au patient de voir avec son médecin.
Je n’accompagne pas les patients lourdement médicalisés, en revanche en tant que psychologue je les informe sur les avancées en nutrition et sur l’impact de l’alimentation sur leur santé psy ou je les oriente vers un nutritionniste ou un autre spécialiste.
Je vois aussi avec eux s’ils dorment bien ou suffisament, s’ils font du sport, s’ils sortent ou pas, leurs projets etc. Ce que je vais leur proposer c’est donc de faire du sport, de changer leur alimentation.
Je ne les force pas mais je les invite vraiment à faire l’expérience d’une alimentation différente et de l’activité sportive régulière.
Je leur donne toutes ces informations-là, mais après il font ce qu’ils veulent.
Je ne suis pas médecin.
Quel est le travail que vous avez voulu faire avant de devenir psy ?
Je rêvais d’être journaliste. J’écoute beaucoup la radio et c’était l’ouverture sur le monde qui m’attirait. Finalement, j’y reviens petit à petit en faisant des interviews. À l’époque c’était juste un rêve d’enfant, d’ado, mais ça me plait d’interviewer des gens, ça c’est sûr.
La psychologie c’était un plan B ?
Je pense que la psychologie était l’option nécessaire pour pouvoir comprendre l’être humain et me comprendre moi-même.
Quel est votre projet à court terme ?
La liberté… (rires)
Écrire et faire des conférences pour témoigner de mon parcours, créer un centre ou les gens pourront prendre soin d’eux, se sevrer, rencontrer de nouvelles personnes, apprendre à vivre libre et autonome. Mais ça c’est à plus long terme.
A court terme, je travaille sur un projet de voyage initiatique. J’ai commencé l’année dernière avec Fabienne, une amie qui est devenue comme ma sœur et nous voudrions développer plus cette activité : partir en voyage avec des personnes qui n’arrivent pas à faire un break dans leur vie, qui ont besoin de vitalité, de changements. Nous sommes parties à Sataya, en mer rouge nager avec les dauphins. Nous y retournons en aout prochain : il reste encore un peu de place, vous venez ? rires
Nos projets c’est de pouvoir embarquer plus de personnes en voyage avec nous, pour leur faire vivre de nouvelles expériences de vie. Il y a l’expérience du voyage d’une part et l’expérience de vivre ce voyage en groupe d’autre part et de profiter de l’énergie du groupe pour changer. C’est très puissant. On s’intéresse à la santé d’une manière globale et spécifique, qu’elle soit physique, émotionnelle et relationnelle ; Pour cela, j’apporte toutes mes compétences thérapeutiques et mon expérience et Fabienne ses compétences sportives et liées à la nutrition.
Nous sommes un duo de « choc qui ne se prend pas au sérieux » qui fait les choses avec coeur : on adore vivre, rire, manger (des frites, Fabienne est belge) et nous adorons bouger, changer, se mettre en expérience. Et nous aimons aider les autres à faire tout ça. Il faut se sentir bien dans sa vie pour pouvoir mettre en place des projets. Nous revenons de Bali où nous avons continué d’étudier à mettre en place de nouveaux projets de voyage. Bientôt Bali nous accueillera avec un groupe. Nous aimerions aussi aller en Afrique, à Panama, et aussi partir en voyage avec mes ânes et une roulotte en France ou en Belgique.
Quel est votre définition de l’amour ?
L’amour est cette énergie qu’on a à l’intérieur de nous et qu’on ressent au contact de certaines personne. C’est cette espèce d’énergie qui va nous propulser et nous faire avancer. C’est bon l’amour. Rires l’amour c’est ce qu’on devrait se donner à chaque instant, dans chaque geste de la vie quotidienne, je m’aime donc je suis. Rires
Pendant un séminaire j’ai entendu dire que notre mission de vie, souvent, est en lien avec ce qui nous à manqué le plus. Je me suis dit que moi, ma mission de vie c’était de donner de l’amour.
Quel est le secret de la longévité du couple pour vous ?
s’aimer est la base mais ça ne suffit pas
Communiquer et construire ensemble la relation est plus que nécessaire et faire l’amour.
Je dis souvent à mes patients dans mes consultations : pensez à vous, aimez-vous, faites des choses importantes pour vous. Ce n’est pas de l’égoïsme, il ne s’agit pas de ça, il s’agit de prendre soin de soi et ce n’est qu’après qu’on peut donner à l’autre, rencontrer l’autre, l’aimer simplement. Aimer c’est aussi laisser partir l’autre quand on comprend qu’il a besoin d’ailleurs pour avancer.
Quel est le conseil que vous donneriez à un jeune psychologue qui débute ?
Je lui dirais d’abord de vivre sa vie, de voyager, de rencontrer de nouvelles personnes, d’oser, et de prendre son temps. Je lui dirai de sortir des sentiers battus, de chercher à apprendre toujours et encore et de remettre en cause ce qu’il a appris. Je lui dirai aussi d’aller voir un psy ou plusieurs, d’aller tester ce qu’est la relation thérapeutique avant même d’être en exercice. Mais j’ai déjà beaucoup dit pourquoi tout à l’heure.
Qui est Sophie aujourd’hui ?
Je suis Amour et je suis Liberté. Rires
Quel est la ville qui vous ressemble ?
Je n’ai pas beaucoup voyagé en fait mais depuis plusieurs années, je me rattrape. je suis de la campagne et profondément une fille de la terre, j’aime la petite ville de mon enfance, aussi la ville, j’aime Toulouse : colorée, gaie, vivante, étudiante, fétarde, grande et à taille humaine.
Comment vous voyez-vous dans 5 ans ?
Je me vois épanouie, musclée… (rires) Dans l’abondance, en train de contribuer à des causes humanitaires et je me vois auteure, conférencière et animatrice (de voyage) de succès. (Rires)
Vous écrivez ?
Oui mais je procrastine et tourne en rond (encore) ! j’ai le syndrome de l’imposteur ! Je travaille à ce qu’il aille voir ailleurs. Rires J’ai décidé de le licencier.
En fait c’est hyper symbolique ce que je suis en train de faire aujourd’hui : c’est ma première interview. Rendre publique qui je suis (en partie) et ma pratique, c’est nouveau pour moi. Le point de départ de nouvelles aventures. Merci