Lioness 23 ans danseuse
Quel a été votre parcours ?
J’ai commencé par le théâtre et ensuite je me suis orientée vers la danse modern jazz. Je ne me sentais pas passionnée par ce que je faisais car je me sentais laissée de côté autant par les autres élèves que par certains profs. Un jour, ma mère m’a inscrite à un stage de Hip-Hop sans me demander mon avis, j’avais environ 14 ans.
C’était organisé par le service jeunesse de ma ville, que je remercie vraiment : on avait des cours intensifs de house dance, popping, danse africaine et break pendant 1 semaine.
J’avais beaucoup d’aprioris sur les danses de rue. Pour moi c’était des danses de mecs, je ne me voyais pas du tout là-dedans.
Je suis quand même allée au stage, et finalement ça a été le coup de cœur. J’ai rencontré des personnes super qui venaient pour la plupart des maisons de quartier et qui se connaissaient depuis très longtemps.
Je n’avais pas confiance en moi, mais les danseurs qui voyaient que je ne connaissais rien au Hip-Hop et que je galérais m’ont toujours soutenue. C’est la mentalité du milieu urbain qui m’a donné envie de continuer dans cette voie.
Ce stage a été l’élément déclencheur de ma passion pour la danse, la culture urbaine m’a vraiment plu et ne m’a jamais lâchée depuis. C’est ce qui m’a amenée ensuite vers la danse dancehall, que j’ai découverte en 2014.
Pourquoi la danse et pas un autre type d’art ?
Bonne question….
Avant la danse j’ai fait de l’équitation et de la gym, mais j’ai du arrêter pour une question financière et aussi parce que la gym à haut niveau pouvait stopper ma croissance prématurément. C’est surtout pour ça que je suis allée vers la danse, sinon je pense que j’aurai continué la gymnastique en compétition.
Quel genre d’enfant était Lioness ?
J’étais une enfant simple, souriante, un peu le clown de la bande et extravertie, on savait quand j’étais là. Rire..
Vous arrivez à rester quelques jours sans danser ?
Honnêtement oui, je ne danse pas tous les jours ; il y a des jours où je n’ai pas envie de danser. J’aime la danse mais je suis plus addict à l’expression qu’à la danse elle-même. La danse est juste une des formes d’expression que j’utilise parmi tant d’autres.
C’est plus sous forme de pulsion chez moi, quand j’ai l’inspiration je peux rester des heures sur une chorée, sinon j’avance sur d’autres projets. Mais en général je ne tiens pas très longtemps sans danser, car j’ai vite besoin de me défouler.
Ça représente quoi la danse pour vous aujourd’hui ?
C’est l’une des manières par laquelle j’arrive le mieux à m’exprimer. Contrairement à ce qu’on pourrait croire je suis solitaire et j’ai tendance à garder beaucoup les choses pour moi. La danse me permet de communiquer sans parler, c’est libérateur, c’est vital.
La danse c’est votre plan B ?
Je sais surtout ce que je ne veux pas : passer ma vie à faire un métier que je n’aime pas, sous les ordres d’un patron. La danse et la comédie c’est quelque chose qui ne m’a jamais quittée depuis que je suis ado, alors j’ai heureusement des diplômes au cas où mais je compte vraiment faire de l’art mon métier. J’aspire également à me former au métier d’actrice pour avoir un bagage supplémentaire et compléter mon univers.
Comment définissez-vous votre style pour qu’on vous reconnaisse ?
J’ai mis du temps à trouver mon style, je commence à peine à le trouver. Il est très axé sur la femme. J’aime onduler et mettre à l’honneur le corps féminin, le désir, la grace.
Je considère ma danse comme une oeuvre d’art vivante, qu’on admire et qui doit nous faire voyager, et aussi nous questionner. Il y a toujours un message derrière ce que je fais, notamment sur la liberté et l’égalité qui sont deux valeurs qui me tiennent à coeur.
Quand vous dites onduler, vous voulez dire quoi ?
Je fais du dancehall, c’est une danse caribéenne qui tient ses racines plus lointaines des danses africaines. Tout passe par le corps, par le bassin et le buste principalement. Je me sers de cette base très souple pour mettre en valeur les courbes de mon corps et raconter une histoire.
Est-ce que vos parents vous encouragent toujours autant dans vos projets par rapport à la danse ?
Oui, je dois reconnaître que j’ai la chance d’avoir des parents qui ne se sont jamais opposés à mes passions. Ils me soutiennent, même si certains projets leur plaisent plus que d’autres, ils souhaitent que je réussisse. Je leur demande d’ailleurs souvent leur avis lorsque j’ai besoin de conseils pour mes projets à venir.
Certaines danseuses à la fin de leur carrière veulent devenir prof de danse ou interprète, chorégraphe ou avoir leur salle de danse et vous ?
À l’heure actuelle j’aimerais être chorégraphe et danseuse pro, mais je ne souhaite pas être professeur à temps plein. J’aimerais acquérir plus d’expériences dans différents styles et continuer de me former avant de donner des cours réguliers.
J’ai donné des cours de dancehall pour débutants pendant deux ans sur Albi, je me suis éclatée. En attendant de reprendre, je donne toujours des cours ponctuels et je continue de me former.
J’ai compris par expérience que la qualité du professeur avait énormément d’influence sur le devenir de l’élève. C’est pourquoi je pense qu’il est important de se former en continue et d’avoir un vrai désir de transmission.
Qu’est-ce que vous pensez apporter de plus dans le milieu de la danse ?
Je pense et j’espère être l’exemple de la confiance en soi et du courage. Je suis partie de rien, je n’avais aucun don pour la danse, mais j’ai réussi grâce à ma détermination à me faire un nom.
Beaucoup de gens n’osent pas se lancer, n’osent pas frapper aux portes et sortir de leur zone de confort. Et c’est vrai que la chose qui me touche le plus, c’est quand on me dit que j’inspire et que je motive.
Je me rappellerais toujours de mon premier battle : j’étais la seule fille à participer à la compétition et la seule débutante. J’aimerais motiver les personnes qui ont encore peur du regard des autres et qui n’ont pas confiance en elles, qu’elles assument toutes leurs différences et prennent conscience de leur potentiel.
Vous faites vos propres chorégraphies ou vous dansez les chorégraphies des autres ?
Pour être honnête, je n’aime pas danser sur les chorégraphies des autres. Je le faisais au tout début pour apprendre parce que ça reste un très bon exercice pour gagner en technique et en vocabulaire .
Mais dans le milieu professionnel, j’aime croiser les arts, travailler avec différentes personnes, mais à condition que l’on puisse tous apporter notre touche. On apprend beaucoup des autres, ça reste très important à mes yeux de s’inspirer un peu partout, mais il faut savoir se réapproprier les idées pour les adapter à notre vision.
A quel moment êtes-vous sûre que votre chorégraphie est bonne et terminée, et combien d’heure ça prend ?
Ça dépend. Je ne compte pas en heure parce que je travaille en plusieurs fois. Je peux passer deux heures le premier jour, parce que je suis super inspirée pour faire une base, puis revenir dessus les jours suivants et changer plein de choses.
Je mets quand même plusieurs jours voir plusieurs semaines si je n’ai pas de date butoire. Quand c’est destiné à un professionnel, là par contre je m’active et je me force à trouver l’inspiration rapidement. Quand je me sens à l’aise avec la chorégraphie et que les mouvements viennent naturellement, c’est que c’est bon.
Que veut dire le mot liberté pour vous ?
C’est assez vaste, je dirais que c’est de se connaître et d’arriver à s’aimer, d’être en accord avec soi-même.
Est-ce que vous vous sentez libre ?
De plus en plus, mais j’ai encore un long travail à faire sur moi-même. Mon projet “(WILD) LOVE” réalisé par Jérôme Jack m’a beaucoup aidée à me libérer et à être moi-même sans me préoccuper du regard des autres.
C’était un énorme travail où il fallait non pas que je montre ma technique, mais plutôt ma folie grâce à un lâcher-prise total. Depuis, j’ai axé ma danse sur cette recherche de la liberté de mouvements, où tout est instinctif, tout est vrai.
D’où vient votre créativité ?
J’ai toujours été créative. Toute petite je dessinais beaucoup, je lisais, je regardais pleins de dessins animés. J’ai toujours été fascinée par les mondes imaginaires et fantastiques, comme “Alice au Pays des Merveilles”, c’est mon dessin animé préféré depuis toute petite.
Aujourd’hui, je m’inspire par la lecture, par les films, par les autres danseurs et aussi par mes expériences personnelles. Je me sers de mes émotions comme première base, c’est de là que va me venir l’envie de m’exprimer.
Quel sont les pièges à éviter dans le milieu de la danse ?
Je suis encore jeune, et je suis tombée dans beaucoup de pièges comme tout le monde.
Il ne faut pas faire confiance trop vite aux gens, même lorsqu’ils font parti de nos connaissances. Il y a aussi des personnes uniquement intéressées par l’argent, qui sont prêtes à nous faire croire n’importe quoi pour leur intérêt personnel. Il faut aussi gérer son image et travailler avec les bonnes personnes pour garder une crédibilité professionnelle.
Que feriez-vous si la danse était une discipline interdite mondialement ?
Je continuerai de danser, je le revendiquerai encore plus qu’avant.
Faut-il coucher pour avoir des contrats dans le milieu de la danse ?
Je touche du bois, pour l’instant je n’ai pas eu de chantage de ce type. Mais c’est vrai que ça revient beaucoup de la part des danseuses pros, certaines ont eu affaire à des propositions, plus on monte en notoriété, plus le vice est présent.
C’est en partie parce que les contacts jouent un rôle primordial pour notre carrière, certaines personnes auront le “pouvoir” de te faire toucher les étoiles ou dégringoler en une seconde. Je dirais donc que c’est pas systématique mais très présent à un certain niveau.
Comment faites-vous pour concilier vie professionnelle et vie privée ?
C’est simple déjà pour le moment je ne suis pas une star internationale. Rire.. Je n’affiche jamais ma vie privée sur les réseaux sociaux, tout est uniquement professionnel, ou bien rien de très intime.
Je suis déjà très présente sur les réseaux, je pense que ma vie familiale et sentimentale doit rester hors de tout ça. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai choisi de garder mon pseudo Lioness, c’est ce qui me permet de dissocier mon activité de ma vie privée.
Vous avez un compte Instagram, Facebook ?
Oui bien-sûr, je suis surtout active sur Instagram, mais je poste aussi régulièrement sur Facebook car beaucoup de professionnels encore.
IG : @lioness_explosive_dancers
Facebook : Mélanie Hdj (Lioness)
Suivez-vous un régime particulier pour la danse ou vous mangez comme tout les monde ?
Je ne fais pas un régime mais je fais attention à mon alimentation. J’essaie de supprimer au maximum le sucre et tout ce qui est chimique pour améliorer la qualité de ma peau et garder un équilibre. Ce n’est pas uniquement pour le sport, l’alimentation est vraiment la clé de voûte de notre bien-être et de nos capacités.
Quel est le rôle de la musique dans votre vie ?
Elle m’accompagne partout, m’inspire beaucoup et me permet de me poser des questions sur mes émotions du moment et sur certaines choses de la vie. Je peux écouter autant du rap, que du dancehall ou de la variété française, je suis influencée par tous les styles.
Comment faites-vous pour vous évader ?
Je n’ai pas de mal à m’évader, je plane toujours. Rire… Je suis tout le temps ailleurs. Mais pour relâcher la pression ça peut être aussi bien la danse, la musique, un bon dessin animé ou plus rarement le dessin.
Que pensez-vous de tous ces réseaux sociaux ?
Je les utilise principalement pour partager mon travail car maintenant tout passe par là ou presque, mais j’ai tendance à vite me perdre et gaspiller du temps dessus.
Cela reste un très bon outil si on prend la peine de chercher, il y a énormément d’inspirations et de contenu. C’est une manière de rester informée et surtout c’est l’opportunité d’apprendre à distance pour la danse par exemple.
Quelle est la chose qui vous a le plus marquée ?
La première et unique fois où je suis sentie au plus bas, il y a deux ans après une rupture. Ca a été un changement profond, mais c’est aussi le moment où je me suis révélée en tant que personne et artiste. Durant cette période j’ai appris beaucoup sur moi-même.
Quel a été votre ressenti la première fois que vous êtes montée sur scène ?
Ça date maintenant, j’étais jeune c’était à l’époque où je faisais du théâtre. Je me suis sentie bien, je me sentais à ma place, je n’ai jamais eu peur de la scène.
Quel ressenti vous avez eu la première fois que vous avez habité seule ?
C’est quand même quelque chose de perturbant les premières heures et tu dis maintenant je compte sur moi-même et pas sur quelqu’un autre. Mais j’aime aussi l’indépendance et prendre des risques…rire
Qu’avez-vous fait avec votre premier salaire ?
Mon premier salaire je ne l’ai pas mis de côté ça c’est sûr, je n’ai pas tout dépensé mais j’ai profité pour me faire plaisir et refaire ma garde-robe.
Quel ressenti vous avez eu la première fois que vous êtes tombé amoureuse ?
Ça m’a bouleversée, c’est déconcertant quand même de te rendre compte que tu serais prête à faire passer quelqu’un avant ta passion. Quand l’autre mets le doigt sur le point faible que toi-même avant tu n’avais pas trouvé, c’est fort comme émotion.
Quel est le secret d’une longévité en couple pour vous ?
Je pense que c’est la confiance et la communication et surtout qu’il faut s’aimer soi-même avant, parce que beaucoup ont peur d’être seuls.
Qui est Lioness aujourd’hui ?
Lioness c’est une femme qui se jette dans le vide en ce moment et qui est en voie de concrétiser des projets qu’elle a en tête depuis très longtemps.
Vous fréquentez les musées ?
Oui, surtout quand je vais dans les autres villes, je profite pour visiter les musées et regarder des expositions d’artistes locaux.
Vous avez déjà été au musée de la grande armée ?
Non jamais, ce n’est pas ce genre de musée qui m’inspire, je suis plus musée scientifique que par l’histoire de la guerre.
Comment vivez-vous votre confinement ?
Je le vis bien, au côté de ma famille dans le sud de la France. J’en profite pour me cultiver, lire, et faire dix-mille choses à la fois. J’ai une pensée particulière pour celles et ceux qui n’ont pas cette chance et j’espère que tout va s’arranger au plus vite.