Clara, 20 ans, étudiante en sociologie.
Quel est votre parcours ?
Je suis étudiante en deuxième année de sociologie, j’ai fait un bac littéraire. Après je suis partie pendant 1 an en Angleterre, pour réfléchir sur ce que je pourrais faire comme études. Je suis quelqu’un qui réfléchit beaucoup et qui est très nuancée dans mes discours. Je peux très bien être convaincu de quelque chose et me rendre compte que l’inverse peut aussi être valable. J’ai voulu me lancer dans la sociologie pour être confrontée à des faits plus concrets sur la société et permettre de rattacher mes réflexions à des observations plutôt qu’à des idéalisations.
Quels sont votre plan A et votre plan B ?
Mon plan A est le cinéma. La musique est arrivée cette année sans que je m’y attende. Ça s’est fait tout seul. Ça commence à être un plan. Ce n’est ni un plan A, B ou C. La musique pourrait venir au même plan que le cinéma mais c’est plus une passion pour le moment. Mais je sais que la sociologie est aussi très importante pour moi.
Quel genre d’enfant étais Clara ?
Curieuse, très bavarde et dynamique.
Vous savez jouer d’un instrument de musique ?
J’ai joué de la guitare quand j’étais plus jeune, j’ai toujours chanté en m’accompagnant de ma guitare. Et j’écris quelques textes bien que très rarement. J’ai toujours eu du mal à poser des mots à l’écrit par souci de clarté. Je suis rarement satisfaite du peu que j’écris, j’ai cette envie que mes mots soient totalement en cohésion avec mes ressentis mais c’est pas simple.
Comment êtes- vous arrivée dans le milieu de la musique ?
J’ai toujours écouté beaucoup de musique. Cela m’a beaucoup influencé et accompagné durant tous les moments, les dramatiques ou les joyeux. La musique me pousse à aller de l’avant et ressentir les choses d’une autre manière. Elle m’a aussi permis de prendre du recul sur mes ressentis et à la fois de les sublimer. Elle me permet aussi de m’exprimer d’une autre manière. Chanter me permet d’évacuer.
De quoi parlent vos chansons ?
Des étapes de la vie, de nos sentiments, de la frustration, la déception, ça peut être aussi positif pour se revigorer un peu.
Pourquoi vous avez décidé de vous exprimer par la musique et non pas via d’autres arts ?
Parce que la musique, c’est plus facile pour moi ; et parce que c’est par la parole que j’évacue le mieux. Je suis quelqu’un qui aime beaucoup parler, qui ne garde pas les choses pour moi. C’est donc une autre manière de dialoguer avec moi-même et avec les autres.
Que veut dire le mot liberté pour vous ?
Être libre c’est accepter de vivre dans une certaine sphère sociale. Être bien dans n’importe quelle situation ; il faut aussi savoir s’adapter aux autres et être bien avec soi-même. La liberté c’est quelque chose qui est en soi.
Est-ce que vous vous sentez libre ?
Non pas totalement, si le chemin de la liberté c’était ça, je suis alors sur le chemin de la liberté… Rire
Vous faites du théâtre, pourquoi ?
Ça faisait longtemps que je voulais faire du théâtre et du cinéma. J’ai commencé il y a pas longtemps. C’est juste une autre manière de s’exprimer. Je pense que c’est une bonne manière de se tester. Par exemple, faire un discours devant un public, tester sa voix. Le théâtre, c’est spontané et en faire plus ; par rapport au cinéma qui est plus une copie de la réalité.
Vous souvenez-vous du premier album que vous avez acheté ?
Je pense que c’était Black Eyed Peas.
A quel moment de la journée vous vous sentez la plus créative ?
Il n’y a pas de moment précis. C’est quand ça vient et que j’ai envie d’écrire quelque chose ou de me mettre à la guitare. Par exemple, si je ne me sens pas bien, j’aurais besoin de me détendre un peu et d’exprimer le ressentiment du moment. À travers ma voix, à travers l’écrit ou avec une guitare. Ma créativité vient plus de mes émotions et des frustrations du moment.
Faut-il vous provoquer souvent pour développer votre créativité ?
Ma créativité vient de ce que je vie, mais je ne provoque pas quoi que ce soit dans le but d’être créative. Certaines personnes visualisent les artistes comme des êtres malheureux et frustrés, comme les poètes, les écrivains, comédiens, chanteurs. Je pense que être artiste c’est surtout pouvoir exprimer notre sensibilité au monde, notre mal être, nos questionnements, nos rapports à ce/ceux qui nous entoure(nt).
Vous considérez-vous comme artiste ?
Je ne pense pas être artiste dans le sens ou je n’ai pas encore trouver ma voie d’expression, du moins je ne développe pas encore assez régulièrement mes possibles capacités d’artiste pour me considérer comme telle.
J’ai peut-être la mentalité d’une artiste. Pour être inspiré ou créatif, il faut avoir un vécu qui nous a fait ressentir des émotions fortes et surtout s’autoriser à les écouter, à les exprimer d’une manière ou d’une autre.
Quand vous chantez, essayez-vous de revendiquer quelque chose ?
Quand je chante en général c’est dans ma chambre ou pour des amis, et vu que je n’ai pas encore composée, je ne revendique pas encore dans les faits. Mais oui, si je chante c’est pour faire passer des messages.
Êtes-vous militante ?
À moitié. Je ne sors pas dans la rue, je ne suis pas encore un gilet jaune. Je suis une militante dans ma manière de penser, je dois sûrement agir plus, j’aimerai.
Aujourd’hui est-ce que c’est plus difficile d’être créatif ?
Je pense pas que cela soit difficile non. Aujourd’hui il y a beaucoup plus de choix d’être créatif : les matériels et les logiciels de musiques par exemple, les moyens techniques sont si diversifiés. Aujourd’hui on peut modifier ou transformer la musique, transformer les instruments. Il y a tellement de choix et d’opportunités que tout le monde pourrait être créatif, la réelle difficulté je pense c’est la patience et la motivation pour approfondir le domaine qui nous intéresse, le connaître et jouer avec.
Que pensez-vous de tous les réseaux sociaux ?
C’est bien, mais aussi mauvais. Aujourd’hui, avec ces réseaux, on a accès à beaucoup d’informations que la génération d’avant n’avait pas. C’est un plus pour tout le monde et ça peut être mal si on ne l’utilise pas correctement. Il y a beaucoup de spontanéité qui peut être blessante. La liberté d’expression est tellement amplifiée et on ne se rend plus compte parfois de ce que l’on peut transmettre et l’impact que nous avons.
Quel est le rôle de vos proches dans vos projets ?
Mes parents me soutiennent et sont à l’écoute, ainsi que mes amis qui me soutiennent jusqu’à maintenant. Nous sommes tous à l’écoute des uns aux autres, c’est très important.
Qu’est-ce qui vous apporte le plus de joie quand vous êtes sur scène ?
Le fait de ne plus penser à rien mais de se laisser aller à ce que l’on fait!
Vous chantez seule ou vous avez un groupe ?
Nous sommes deux, Marty mc Fly et Peachy.
Comment a démarré votre association avec Marty mc Fly ?
C’est parti d’un soir où nous devions travailler nos examens. On a fini par manger des pâtes chez un ami musicien, beatmaker. On a voulu tester ce qu’il faisait. On s’est intéressé à son monde et son mode de vie. Et c’est à partir de là que nous avons essayé. Chacun a apporté sa contribution. Nous nous sommes dit que ce serait sympa de chanter dessus. Il n’y avait pas de projets encore entre nous ; c’était juste une déconnade entre potes. On a trouvé que la mélodie était belle. On est ensuite parti chacun de notre côté pour créer quelque chose pour nous. Au final, même si on ne passe pas à la radio, notre musique est propre ; on a beaucoup travaillé pour faire cette chanson. Ça fait plaisir de voir que nous avons commencé sans vraiment une idée pour finir avec une chanson qui plait ; les avis sont positifs.
C’est quoi votre style de musique et votre univers ?
C’est mystique ; c’est un rap/trap chantant, un mélange de RnB, jazz, soul, classique. C’est une fusion de musique diverses, un genre qui n’existe pas encore. Nous sommes encore à la recherche de notre style et de notre univers musical.
Quel a été votre ressenti la première fois que vous avez habité seule ?
Ça fait du bien. Mais on apprend vite à être responsable; Avec les problèmes administratifs à régler, les courses pour la maison à gérer. Ce n’est pas facile quand c’est la première fois de se motiver à faire à manger. Ça met la pression de gérer tout cet aspect du quotidien parfois, mais ça fait du bien aussi de se responsabiliser. Maintenant je comprends mieux quand ma mère me disait, tu verras quand tu seras grande ma fille.
Qu’avez-vous fait de votre premier salaire ?
Je me suis achetée des chaussures Dock Martens. Rire… Non, non je me suis achetée un appareil photo, je me suis fait plaisir.
Quel souvenir gardez-vous de la première fois que vous êtes tombé amoureuse ?
Je ne sais pas si je suis déjà tombée amoureuse ; mais en tout cas, quand je m’engage avec quelqu’un et que j’ai des sentiments, je me perds vite moi-même. Je m’investis beaucoup dans l’autre et ce n’est pas forcément bon pour l’autre. Je ne pense plus à moi et je remarque que c’est quelque chose de mauvais. C’est une sorte de dépendance affective. Du coup, je ne sais pas si suis déjà tombée amoureuse ou si une certaine dépendance passait avant l’amour. Est-ce que j’aime vraiment l’autre ? Ou est-ce que j’ai besoin d’être en présence de quelqu’un? Et ça, c’est une grande différence.
C’est quoi pour vous le secret de la longévité du couple ?
Rester indépendant ; savoir être là pour l’autre, quand l’autre a besoin de se confier. Et connaître ses propres limites ; ne pas tout espérer de l’autre ; et la communication, ça peut sauver des couples.
Qui est Clara aujourd’hui ?
Aujourd’hui, là, en ce moment même, c’est le bazar. Rire… Je suis à la recherche de moi-même et en devenir ; et j’essaie d’être optimiste.
Comment vous vous voyez dans 10 ans ?
Je ne sais pas, je ne m’imagine pas, je m’imagine juste être bien avec moi-même.
Quelle est la ville qui vous ressemble le plus ?
Je dirais l’Angleterre j’ai habitée 1 an à Bristol. C’est une ville ni trop grande, ni trop petite, et très artistique. À mon goût. Les gens sont foufou là bas mais très créatif et très respectueux, ouvert d’esprit et généreux.