il faut savoir s’en détacher et faire…

Mathilde 19 ans, étudiante en Sciences Sociales, Economiques et Politiques

Que faites-vous en ce moment ?

Je suis toujours étudiante, en ce moment  je fais des études de sciences sociales et économie politique, et d’un autre côté, je m’instruis en candidate libre en philosophie et littérature.

D’où vous est venue l’idée de faire des études de sciences sociales et économie politique ?

C’est d’abord la sociologie qui m’a passionnée, notamment grâce à ma Professeure en Première, qui a su me transmettre sa passion. Par la suite l’économie est venue, et la politique était imposée dans cette licence. Mais au départ c’est vraiment la sociologie qui m’a passionnée : comprendre les actions des individus, rechercher un peu ce qui relève de leur spontanéité, de la culture, ce qui fait que certaines personnes se comportent comme ça… et pas d’autres.

Voulez-vous vraiment travailler dans ce milieu, ou êtes-vous encore à la recherche de ce que vous aimeriez faire ?

J’aimerais bien devenir Professeur de sociologie, d’abord au lycée, ensuite à la fac dans le milieu universitaire, et surtout faire de la recherche.

Quelles sont vos modèles ou les personnes qui vous ont influencée dans le choix de cette voie ?

Tout d’abord ma Professeure de Première. J’ai aussi beaucoup lu les grands sociologues comme Pierre Bourdieu et d’autres. J’ai lu beaucoup de livres sur la philosophie. En philo il y a toute cette connotation derrière pour comprendre les sciences humaines et les actions des individus. Parmi les philosophes qui m’ont inspirée, je dirais Alan Smith qui est considéré comme le père de l’économie — mais c’est finalement quelqu’un de très philosophe. Michel Foucault aussi.

Quel genre d’enfant étiez-vous ?

Je me racontais tout le temps des histoires, j’étais toujours dans l’imaginaire. Je vivais la vie comme si j’étais dans une pièce de théâtre ou au cinéma, j’étais plutôt tournée sur les autres et j’étais un petit garçon manqué.

Vous étiez plus entouré de garçons ou de filles ?

Plus d’hommes au départ, mais par la suite plus par les filles au collèges. Là en ce moment c’est assez mixte.

Pourquoi avoir choisi de devenir Professeure ?

Par passion.

D’où vient votre maturité, vous n’ avez pas l’impression être en décalage avec vos amis ?

Parfois si, il y a quand même un sentiment de décalage. Mais mes amis, je sais qui ils sont et ce qu’ils valent, on peut quand même discuter ensemble et ils ont aussi une grande maturité.

Qu’est-ce qui vous apportera le plus de joie dans votre futur métier ?

La transmission du savoir, intéresser les élèves. Ce n’est pas forcément une joie, mais si vous réussissez à partager ce que vous vous aimez, à les intéresser à cette matière, à ouvrir leur horizon, à diversifier l’apprentissage et à faire progresser les élèves, cela procure beaucoup de satisfaction de les voir progresser.

Êtes-vous ambitieuse ?

Il faut avoir de l’ambition !

Quels sont vos projets à court terme ?

Réussir mes études. J’ai entrepris pas mal d’écrits, les finir également, mais je commence plein de choses et je n’achève rien, c’est une horreur ! Donc finir les choses et quand elles sont achevées, me dire qu’enfin c’est terminé.

Votre but est-il d’être reconnue ou est-ce votre travail qui doit être reconnu ?

Le travail doit être reconnu, bien sûr une personne aussi, je pense que ça va ensemble. Si une personne fait un excellent travail, intelligent, mais si par ailleurs c’est une personne néfaste pour les autres, je pense qu’elle ne mérite pas forcément d’être reconnue. Je dirais que l’humain va aussi avec le travail qu’il fait, vous ne pouvez pas vous montrer snob parce que votre travail est reconnu.

Quelle aurait était votre deuxième option si ce n’avait pas été des études de sociologie et d’économie politique ?

Ma deuxième option, je pense ç’aurait été Hypokhâgne, une voie beaucoup plus littéraire. Ou encore du droit ; j’étais inscrite en droit en début d’année, mais j’ai vu le programme et les matières, et ça ne m’a pas vraiment enchantée : droit administratif, etc… Non merci, je serais partie vite je pense.

Vous intéressez-vous au bénévolat ?

Je ne fais pas de bénévolat à proprement parler. Quand il faut aider les gens d’une manière gratuite je le fais sans aucun problème, mais je suis pas inscrite dans une association humanitaire.

Vous n’avez jamais participé à une association en tant que bénévole ?

Si, j’ai participé à une  association qui s’appelle « Jérôme le jeune », c’est une association qui vient en aide aux personnes atteints de trisomie. Mais c’était ponctuel, je n’ai pas d’engagement sur le long terme.

Quelles sont les causes que vous auriez aimé défendre aujourd’hui ?

Le bien-être animal, l’aide humanitaire dans les pays défavorisés. Quand vous voyez la société dans laquelle on vit — du moins dans les pays développés — vous êtes là, dans une facilité permanente qui vous pousse à vouloir toujours plus, mais finalement à quoi bon ? Et si de cette richesse pouvait être partagée avec des pays qui en ont besoin, je le ferais sans aucun souci à mon niveau.

Pratiquez-vous un sport ?

Pas en ce moment. Pendant 9 ans j’ai fait du tennis, j’ai encore un très bon niveau. Mais j’aimerais faire du tir à l’arc, pour me calmer, parce que ça demande une très grande concentration.

Que veut dire le mot liberté pour vous ?

Pour moi le mot liberté vient du hasard, parce que la liberté pour moi c’est tout ce qui n’est pas pré-déterminé. On vous destine souvent à quelque chose, ne serait-ce que par votre éducation : avant la femme était pré-déterminée au foyer, et si elle veut faire autre chose il faut qu’elle provoque un changement par elle-même ; il faut qu’elle provoque le hasard, qu’elle suive également sa volonté, mais une volonté qui ne serait pas déterminée par la société. Pour moi, c’est ça la liberté : c’est se détacher d’un pré-déterminisme social.

Vous sentez-vous libre en ce moment ?

J’essaye de le devenir. On ne peut jamais se sentir libre à 100%, vous avez toujours des obligations ; mais j’essaie de devenir libre de plus en plus, et j’espère un jour être libre comme je le souhaite. Le métier de Professeur a acquis beaucoup de liberté : si vous ne suivez pas la dictature de l’Education Nationale, et le caractère trop normé de l’éducation, faire un cours comme vous souhaitez demande une énorme liberté.

Quelle est la place de la musique dans votre vie ?

Ça dépend de la musique : j’écoute de la musique classique plutôt pour me reposer, et rock et électro plutôt pour faire la fête.

Si vous étiez totalement libre, sans contrainte de temps, ni d’argent, ni de santé, que feriez-vous ?

J’irais visiter l’épave du Titanic au fond de l’océan, j’aime beaucoup les bateaux.

Que pensez-vous de tous ces réseaux sociaux ?

Je pense qu’ils nous assignent à une société complètement virtuelle. Ça construit un lien totalement virtuel, ça détruit complètement le lien humain. Je pense qu’ils peuvent être utiles dans une certaine mesure, mais il faut savoir s’en détacher et faire une pause avec, vraiment !

Que pensez-vous des sites de rencontre ?

Je n’apprécie pas, mais ça pousse de plus en plus. Marchandisation de l’humain et des sentiments amoureux. Je pense que l’amour passe par le regard qu’on échange avec l’autre, on ne peut pas découvrir une personne entièrement derrière un écran : ce n’est pas possible. Je suis plutôt en opposition avec tout ces sites, ce n’est pas pour tomber amoureux. Excusez-moi, je vais être un peu crue, mais c’est faire du sexe pour faire du sexe, aussi vite que possible. Quand vous remarquez certains sites, c’est j’aime / j’aime pas, mais la personne vous juge sur quoi ? sur la beauté ? Vous ne la jugez pas sur ce qu’elle a à l’intérieur d’elle-même, c’est complètement monstrueux. C’est horrible de juger quelqu’un sur une photo.

Quel est le secret de la longévité du couple pour vous ?

Briser une certaine routine, aller hors des sentiers battus, et pas forcément se voir tout le temps.

Ne pas être l’un sur l’autre — ça c’est complètement néfaste — pour que l’autre nous manque.

Parfois être assez loin, se mettre à distance pour que ce soit la présence mentale qui nous manque, pas forcement la présence physique, pour faire croître le désir de le revoir. Et il ne faut pas qu’il y ait de jalousie dans le couple.

Quel a été votre ressenti lorsque que vous avez touché votre premier salaire ?

Je n’ai pas eu forcément eu de ressenti, je n’ai pas eu de sentiment de joie, c’était plutôt banal.

Quelles sont les événements qui vous ont le plus marquée ?

Ma première année à la fac, d’abord : j’ai rencontré un ami exceptionnel. Et l’affaire Naomi m’a beaucoup marquée ; j’avoue que j’ai une certaine réticence envers le milieu hospitalier, ça m’a beaucoup choquée que cette affaire sorte aussi tard. Et rien à voir, mais l’entrée la dans la Pléiade de Simone de Beauvoir m’a aussi beaucoup marquée.

Simone de Beauvoir, c’est une femme qui vous a influencée ?

Elle m’a beaucoup inspirée et influence mon parcours.

Vous êtes militante féministe ?

Militante à proprement parler, non, mais je défends intérieurement le droit des femmes. Pas forcément l’égalité, je ne suis par exemple pas pour les quotas en fonctions du sexe : je pense qu’il faut prendre une personne en fonction de son travail, de ses capacités ; un homme peut être plus intelligent qu’une femme (et inversement), ça n’a pas de sens de prendre une femme pour des questions de quota si elle n’a pas les capacités (et inversement). Dans tous les cas il faut lutter : tout récemment encore, les femmes n’avaient pas le droit d’ouvrir un compte en banque sans l’autorisation de leur mari ! Non mais c’est quand même aberrant, après on parle de liberté !

Quelles sont les causes de femmes à défendre encore aujourd’hui ?

Le respect de la femme et sa reconnaissance. Être reconnue pour ce qu’elle est et pour ce qu’elle vaut. Et la placer dans une égalité avec l’homme, tout simplement, ni en position dominante, ni en position d’infériorité domination comme en Arabie Saoudite, où il y a encore beaucoup de travail à faire pour la cause des femmes. Respecter les uns et les autres, quel que soit leur sexe, et rendre accessible tout le marché du travail aux femmes comme aux hommes dans le monde.

Est-ce que l’idée d’un renouvellement dans la société vous inspire ?

Oui, il faut que la société soit une méritocratie finalement, ce qu’elle n’est pas aujourd’hui. Je pense qu’un renouvellement est nécessaire : quand vous voyez le système économique capitaliste, il vient, comme disait Marx, faire des hommes de simples marchandises, sans les rémunérer à leur juste valeur, tout ça pour servir une oligarchie financière qui détient tout et qui ne voit même pas la misère du monde. Rien que pour ce cela je pense qu’il y a du renouveau à faire.

Qu’est Mathilde aujourd’hui ?

C’est quelqu’un qui se cherche toujours et qui cherche de nouvelles idées tous les jours. Work in progress.

 

Quels sont vos pronostics pour la finale du Mondial 2018 en Russie ?

En finale je vois l’équipe d’Allemagne face au Brésil.

Comment vous voyez-vous dans 10 ans ?

Professeure dans le milieu universitaire, tout en faisant de la recherche en sociologie.

Quel est la première fois qui vous a le plus marquée ?

La première fois que j’étais dans un pays étranger : c’était en Angleterre, oui ça m’avait marquée, j’ai bien aimé découvrir un pays et une autre culture. À travers ce voyage, c’est le fait de revenir dans son pays et d’écouter pour la première fois ma langue maternelle, j’ai trouvé que c’était très marquant. Il y a aussi la première fois où j’ai ouvert un livre de philosophie. Je me souviens très bien, c’était un énorme le livre de Platon qui m’intriguait beaucoup, un livre de mon père. Il était de couleur orange, c’était la première fois et c’était passionnant !

 

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