J’ai toujours kiffé la gestion et les domaines financiers…

J’ai 18 ans etudiants en droit.

je suis née au Portugal et ça fait 4 ans que je suis en France, bientôt 5 ans. Je fais des études de droit.

Avec si peu de temps en France, vous parlez vraiment très bien le français…

On peut dire que les portugais ont une facilité à apprendre d’autres langues, par exemple je me suis habituée très facilement avec l’anglais ou l’espagnol. Quand je suis arrivée en France que je savais dire que « Bonjour, je m’appelle Beatriz, j’ai 13 ans », mais je trouve que le français n’est pas une langue très difficile.

Quel genre d’enfant étais Beatriz ?

D’un côté j’étais timide, j’étais trop « fifille », mais j’avais aussi un côté « bonhomme ». Je n’aimais pas les robe, j’étais toujours dans les groupes de garçons. J’ai toujours eu un problème de poids, et plus tard vers mes 8 ans, je n’avais pas du tout confiance en moi. J’ai souffert de harcèlements à l’école, puis arrivée en France je ne parlais à personne.

Au début, c’était déjà compliqué à cause de la langue, et une fois que je suis passée en 3ème , je me suis fait un petit groupe d’amis, et ils m’ont aidé à passer cette phase de manque de confiance. A mon entrée au lycée, j’étais dans un trio qui m’a apporté beaucoup de confiance. J’étais très timide d’un côté, mais je pouvais aussi être la fille la plus folle de l’univers, ça dépendait avec qui j’étais.

Qu’est-ce qui vous a poussé à choisir le droit ?

Pour être sincère, au départ je voulais faire un CAP Petite Enfance mais je n’ai pas été acceptée même si j’avais une bonne moyenne. J’étais dégoutée parce qu’une fille de mon lycée a été admise avec 9 de moyenne, alors que moi j’ai été refusée avec 13 de moyenne !

Quand je suis entrée en terminale, j’ai eu mes premiers vrais cours de droit. Ma prof nous expliquait le droit d’une manière tellement intéressante et simple que ça rentrait très vite dans ma tête, alors je me suis dit « pourquoi pas ! ».
Ça sera plus compatible avec mes soucis financiers car j’ai pas mal de problèmes d’argent et je me dis que si je peux faire une carrière intéressante et bien rémunérée, je pourrais donner plus à ma mère.

Mon père m’a laissé quand j’avais 5 mois, ma mère a dû tenir les 2 rôles en même temps, elle a tout donné pour moi, elle a arrêté de manger pour que je puisse manger. J’ai un grand frère qu’elle a dû envoyer chez son père pour réussir à me mettre dans de bonnes conditions pour grandir. Donc je ne me sens pas obligée mais je pense que c’est dans la logique de la vie. Donc je dois penser à moi, mais je dois aussi penser à ma mère, c’est l’un des points les plus importants de ma vie.

Quel type de droit vous intéresse ?

Au début, je souhaitais faire du droit familial, mais on m’a dit que ça ne payait pas, donc je me suis intéressée au pénal (les crimes) et je fais une filaire judiciaire et ça me plait. Si tout se passe bien, je me spécialiserais soit en droit familial, soit en droit pénal.

Le droit se rapproche un peu de la politique…

Oui, dans l’histoire du droit il peut y avoir de la politique. J’ai des cours de politique, je suis obligée car ça compte… mais ce n’est pas intéressant.

Est-ce que vous pensez un jour ouvrir votre propre cabinet ?

Je vais commencer doucement en travaillant dans un premier temps pour un cabinet d’avocats, mais oui, si tout se passe bien, j’aimerais vraiment ouvrir un cabinet à mon compte, c’est mon but.

Est-ce que vous voyagez ?

Uniquement Portugal-France, si j’ai de l’argent, je fais le tour du monde dès que possible.

Que signifie le mot liberté pour vous ?

C’est très vague. Tiens, en ce moment on parle souvent de liberté d’expression, c’est un point très important en droit. Je pense que la liberté est essentielle pour un être humain car si on nous en privait ce serait comme dans une dictature et ça n’a aucun sens, parce que chacun a le droit de faire ce qu’il veut selon les règles de la société. En gros, la liberté est un élément essentiel à la vie.

Est-ce que vous vous sentez libre ?

De plus en plus oui, parce que ma mère me fait confiance, sinon je n’étais pas libre (rire).

Quel est votre plan B ?

J’ai toujours kiffé la gestion et les domaines financiers car ma mère a toujours travaillé dans ces milieux pour gérer tout ce qui peut entrer dans un hôtel ou une entreprise par exemple. Donc si le droit ne fonctionne pas, je ferais de la gestion, même si je dois y rester 10 ans, je le ferais si ça en vaut la peine.

Est-ce votre mère qui vous a influencé dans votre choix d’études ?

Non, ce n’est personne, je me suis influencée moi-même. J’ai beaucoup réfléchi avant de choisir le droit, et comme je l’ai déjà dit, ça deviendra une grande aide financière. Donc comme l’un de mes objectifs principaux est d’aider ma mère, si je fais du droit (une matière qui me plait) j’aurais un bon salaire. De plus je n’ai surtout pas envie de faire un métier qui ne me plairait pas et d’y aller à reculons. Ma mère n’est pas une influence mais plutôt une motivation.

Pratiquez-vous un ou des sports ?

Depuis que j’ai 11 ans je fais du basket, mais j’ai dû arrêter parce qu’on avait plus les moyens. Les prix au Portugal et en France n’ont rien à voir, mais j’ai continué de pratiquer au lycée et aussi les sports de street (sport de rue) avec mes potes. On peut dire que le basket c’est ma passion. C’est un moment pendant lequel je peux vraiment évacuer toute ma mauvaise énergie. J’ai une balle dans les mains alors je sais forcément où mettre ma puissance. Je peux me réveiller de très mauvaise humeur, et si on me donne un ballon de basket, je peux terminer ma journée comme la personne la plus heureuse du monde. Je suis la « Ronaldo féminin » du basket !
Je fais également du volleyball, seulement par amusement. Mais c’est aussi un sport que j’aime trop.

Que pensez-vous des réseaux sociaux ?

Ils ont une très mauvaise influence sur les jeunes de mon âge et principalement sur les filles. Je trouve qu’il y a une sorte de « corps modèle » car les filles des réseaux sociaux sont soit belles, soit elles ont des formes, soit les cheveux les plus beaux du monde, elles ont des likes. Du coup je trouve que les gens essaient d’être ce qu’ils ne sont pas et essaient de changer leur personnalité pour être appréciés par les autres et je trouve que ce n’est pas bien.

Que pensez-vous des sites de rencontres ?

Je ne vais pas mentir, j’ai essayé une fois. Très mauvaise expérience (rire) ! Je trouve que ça ne sert à rien, il n’y a que des plans cul (rire) excusez-moi du langage. Sur les sites, les gens ne cherchent pas un engagement sérieux et il y a zéro respect.
D’après mon expérience, je préfère rencontrer une personne en direct et la découvrir petit à petit. Pas la rencontrer d’un coup et sortir directement avec. Il faut savoir donner du temps pour construire une relation.

Est-ce difficile d’être une femme parisienne de nos jours ?

Oui, pour moi il y a beaucoup de préjugés envers les femmes. Par exemple lorsqu’il y a un viol, certaines personnes critiquent la tenue vestimentaire de la victime, alors que la femme ne devrait pas avoir à s’habiller selon le regard des autres. J’ai l’impression que les femmes ont de plus en plus peur de sortir avec un beau décolleté ou en mini-short par peur d’être jugée.

Une fois, je suis partie en Suisse, et là-bas par rapport à Paris, ça n’a rien à voir ! En Suisse je pouvais sortir en short, en top, je suis même sortie en maillot de bain et personne ne m’a regardé, alors que ce n’est pas dans leurs habitudes de sortir comme ça. Au Portugal, en revanche, c’est très courant de voir ça, alors qu’à Paris si je mets un short, un croc top alors que j’ai des grosses cuisses, de grosses fesses et que je sors, les mecs me vont regarder sans essayer d’être discret, sans aucun respect.

Comment faites-vous pour échapper à ce type de comportement masculin ?

Je les regarde de côté et s’ils osent venir me parler (je le conseille à toutes les filles), je les regarde de la tête aux pieds et je m’en vais ! Il faut faire en sorte de s’imposer, car si nous faisions toutes ça, les mecs finiront par savoir que ça nous touche. Eux, ça les fait rire de se comporter comme ça, alors ils continuent donc il vaut mieux les ignorer !

Qu’avez vous ressenti la première fois que vous avez touché un salaire ?

J’étais très heureuse, très très heureuse et ça a duré 1 an pile !! Je l’ai touché au mois d’août 2019 et j’ai terminé de le dépenser au mois d’août cette année.

Vous n’avez dépensé qu’1 euro par jours ou quoi ? (Rires)
(Rire) non, Je suis très économe, ma mère m’a appris à gérer mes économies en achetant que ce qui m’est utile. Je me fais plaisir quand même mais je regarde les prix dans le sens où je ne m’achèterais pas une paire de chaussures qui coûte 1000 euros par exemple, ça ne sert à rien. Même pour un téléphone, je préfère investir dans un Huawei que dans un IPhone car ça reste un téléphone.

Quel est le secret de longévité en couple selon vous ?

La communication, la confiance, le respect, je pense que c’est le plus important, la sincérité aussi.

Faut-il tout se dire en couple ?

Franchement ? Il ne faut pas mentir, mais il y a certaines choses qu’il vaut mieux éviter de dire car ça peut créer un problème énorme qu’on n’avait pas vu venir. Les anecdotes comme « je marchais dans la rue, et un mec est venu me draguer », ça ne sert à rien par exemple, seulement si c’est un cas extrême, genre un mec s’est beaucoup trop approché de moi, et que par exemple il habitée pas trop loin la maison.

Par rapport au mensonge, une personne qui a menti une fois, c’est une personne qui mentira tout le temps, c’est pareil pour la tromperie. Je ne pardonne pas la tromperie et si ça arrive, c’est définitivement terminé.

Etes-vous militante ?

Je suis 100% féministe, je suis sensible à toutes les questions qui concernent la femme.

Vous sentez-vous investie d’une mission ?

Non pas encore, parce que j’en n’ai pas trouvé. Je n’arrive pas à trouver des missions dans lesquelles je peux m’engager pour le féminisme, il y a plus de missions pour aider les populations en Afrique.
Cependant, s’il y a une manifestation, j’y participerais volontiers.

Quels sont vos objectifs à court terme ?

Mes objectifs à court terme : réussir mes études, créer une famille et avoir une vie stable. Mes objectifs d’ici 5 ans : aller aux Etats-Unis ou en Angleterre.

Quels est le pays qui vous ressemble plus ?

Je dirais les Etats-Unis. Je n’y suis jamais allée mais j’aime tout ce qui est culture américaine.

Quelle est la place de la musique dans votre vie ?

La musique est hyper importante pour moi, elle peut carrément changer mon humeur. Le matin, si j’ai envie d’être heureuse, je n’écoute que de la musique du bonheur. Par contre, si je suis malheureuse en mode dépression, que j’ai envie de pleurer mais que je n’y arrive pas, j’écoute de la musique aussi. La musique a toujours fait partie de ma vie. Au Portugal comme au Brésil, il y a beaucoup de bonheur, ça fait partie de la vie, il y a beaucoup de fêtes. Depuis l’enfance, ma mère m’a habituée à m’emmener dans des petites soirées avec des adultes où l’on danse la kizomba et le zouk.
Quand je vis le stress avec tous les problèmes de la vie, je trouve que la musique ça me met de plus en plus dans un autre monde, ça me fait entrer dans une bulle dans laquelle personne d’autre n’arrive à rentrer.
Je n’ai pas pu avoir le soutien financier de ma mère. Elle a pu m’aider pour ma première année, mais par la suite, elle m’a presque forcée à travailler. Elle reste mon support si jamais je tombe, mais j’ai été lâchée dans la nature sauvage (rire). L’année prochaine par exemple, je vais devoir payer mon année universitaire moi-même.

Allez-vous souvent au musée ?

Je ne suis allée qu’au Louvres, mais j’adore les musées. Je ne suis pas forcément intéressée par l’histoire des toiles ou objets d’art, je ne lis pas tout, mais ce sont vraiment les œuvres artistiques qui m’intéressent.

Qui est Béatrice aujourd’hui ?

Au fur et à mesure, je suis devenue une jeune femme plus indépendante, une femme avec un gros caractère. Si l’on compare avec mon passé, j’estime que je commence à comprendre le sens de la maturité, le sens de la vie même si je n’ai pas encore suffisamment d’expérience. Je suis devenue une personne complètement différente.

Merci Béatriz !

 

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