j’ai une bonne droite, il ne faut pas me chercher…

Sophie, 18 ans, étudiante en Sciences Economiques et Sociales

Quel est votre parcours?

Je travaille à l’institut catholique de Paris, j’ai un bac de sciences économiques et sociales et je continue encore dans cette voie ou j’étudie aussi les sciences politiques.

Voulez-vous devenir politicienne?

Non, pas forcément, c’est surtout pour échapper à une voie scientifique, je ne suis vraiment pas faite pour ça. La politique et la philosophie m’intéressent beaucoup en revanche : la philosophie en général parce qu’on étudie beaucoup et il y a une certaine approche économique. J’aime moins ce qui se rapporte aux chiffres, mais il faut le faire.

Que pensez-vous changer dans le milieu politique ?

Je n’estime pas depuis ma position que je puisse changer quoi que ce soit ! (rires) À vrai dire, je ne sais même pas si ça finira par être mon orientation ou si je ferai quelque chose de complètement différent. Je suis ouverte à beaucoup de choses. Je sais en tout cas que c’est quelque chose qui m’attire, que je comprends facilement et où je suis assez douée.

Quel genre d’enfant était Sophie?

J’étais une enfant souvent seule, très souvent seule même. Je n’avais pas beaucoup d’amis, je n’avais pas beaucoup de gens autour de moi. Je n’ai pas non plus une grande famille, je n’ai pas de frère et sœur ni de cousin. J’avais juste mes parents qui travaillaient tard, donc j’étais souvent assez seule chez moi. En étant fille unique ça n’aide pas vraiment ; à l’école j’étais plus proche des adultes que des autres enfants.

Vous voyagez beaucoup?

Oui, depuis petite. J’ai fêté mon premier anniversaire à l’étranger, mes parents m’ont souvent emmenée avec eux dans leurs voyages à l’étranger donc oui, j’ai beaucoup voyagé.

Avez-vous développé une créativité ou un art avec tous ces voyages?

Je m’intéresse beaucoup au cinéma. J’ai fait du théâtre. Les gens trouvent que je dessine bien aussi. La plupart du temps mes dessins sont aléatoires. Sinon je trouve la photo extrêmement belle, c’est une passion mais je n’en ferais pas mon métier.

Comment faites-vous pour vous évader?

J’observe le monde autour de moi, je regarde énormément de films, j’écoute constamment de la musique.

Quelle est l’importance de la musique dans votre vie?

Je ne peux pas rester une journée sans musique. Ce serait un cauchemar pour moi de devenir sourde, c’est quelque chose dont j’ai peur ! La musique a une place extrêmement importante dans ma vie, elle est le reflet de beaucoup de choses qui me sont arrivées et des expériences vécues.

Vous souvenez-vous du premier CD que vous avez acheté?

Non, parce que je n’ai jamais acheté un album de ma vie, c’est étonnant. Mon père en a énormément, j’en ai beaucoup écouté, mais aujourd’hui j’écoute essentiellement de la musique sur les plateformes numériques.

Sophie est-elle militante?

Non, j’estime que j’ai des valeurs et des opinions que j’exprime sans avoir le moindre doute, ni d’ailleurs en m’excusant – ça je ne m’excuserai jamais – mais pour le coup, on me verra rarement dans les manifestations.

Que veut dire le mot liberté pour vous?

Je pense qu’on est libre de faire ce qu’on veut, c’est-à-dire qu’on est ancré dans la liberté, on est libre d’être qui on veut, quand on veut, du moment qu’on n’entrave pas la liberté des autres.

C’est une belle phrase, mais vous sentez-vous libre?

Moi oui, je suis libre et j’estime que si des gens veulent me faire penser le contraire, ou interviennent dans ma vie pour entraver à ma liberté, ils se feront très vite recaler, ils le savent. J’ai un fort caractère donc ce serait difficile d’entraver à ma liberté.

Vos parents vous ont-ils influencée dans votre choix d’études?

Oui, mes parents m’ont influencée pour énormément de choses, je n’ai toujours eu qu’eux et je suis très proche de ma famille. Leur opinion compte beaucoup et ils sont raisonnables : par exemple, ils voient que je ne suis pas forte on maths, et ils ne me forcent pas à faire des maths juste parce que c’est la « voie royale ».

Vous faites des études pour faire des études, ou vous savez ce que vous voulez faire plus tard?

Je fais des études parce qu’il faut en faire effectivement, mais aussi car ce que je fais m’intéresse énormément. Je suis extrêmement contente du cadre dans lequel j’évolue.

Je n’ai jamais eu d’idée fixe sur ce que je voulais faire, jamais eu de métier en tête. C’est vrai qu’au fur et à mesure des années, on avance et il faut trouver un emploi, mais j’ai encore un peu de temps pour décider.

Que pensez-vous de tous ces réseaux sociaux?

Il y a énormément d’aspects positifs et négatifs. C’est une ouverture sur beaucoup de choses, on peut contacter énormément de gens, partout dans le monde, être en lien avec tous.

Après il y a aussi des désagréments : des gens qui me parlent tous les jours avec qui je n’ai pas forcément envie de converser, ou des gens qui essayent de hacker mon compte… ça fait partie des risques. Je pense que si on s’inscrit sur un réseau social ou un site Internet, on prend ce risque, il faut en avoir conscience. Certaines personnes se sont inscrites sur Facebook extrêmement jeunes avant d’avoir l’ âge minimum requis  et ont eu des problèmes. À ce moment-là la plateforme n’est pas responsable de vos problèmes et ne vous aidera sûrement pas. Je pense qu’il faut en avoir conscience avant de s’engager.

Que pensez-vous de tous ces sites de rencontres?

J’ai beaucoup de mal à y croire, je trouve que c’est ce qu’il y a de moins romantique sur Terre. J’ai l’impression que ça force les choses, ça n’a rien de naturel à mes yeux. On ne me verra jamais sur un site de rencontre, ça c’est sûr.

Comment voulez-vous qu’on vous aborde? À l’ancienne, dans la rue?

Dans les soirées. Parce que les mecs qui viennent m’aborder dans la rue et me disent : tu es très mignonne, ça te dirait de me donner ton numéro de portable ? Je dis non, je ne suis pas dans la rue pour te rencontrer, j’ai autre chose à faire.

Ce n’est pas la même chose si un mec vous aborde dans une soirée

Non, il y a une différence, parce que quand je suis dans la rue c’est que je vais d’un point A à un point B, je suis peut-être pressée, j’ai autre chose en tête et je ne suis pas là pour rencontrer des gens. En plus j’écoute ma musique, donc on me laisse tranquille merci.

Ça se voit à mon visage, ça se voit à mon attitude ; si j’ai l’air pressée, ça veut dire que je ne veux pas te parler, tout simplement. Mais là mon fort caractère refait surface ! (rires)

Si je suis en soirée avec des amis ou que je suis dans mon école, là je suis réceptive et c’est normal c’est un autre cadre.

Être une femme à Paris, à la campagne ou en banlieue, y a-t-il une différence

Être une femme à Paris c’est risqué. Je trouve ça triste, d’ailleurs, que quand on me pose cette question le premier truc qui me vienne en tête, c’est cette notion de risque… Moi j’ai vécu des agressions, des gens étranges qui te suivent dans la rue, ce n’est vraiment pas agréable. Mais je ne pense pas que ce soit seulement à Paris, c’est dans les grandes villes qu’il y a un nombre incalculable de fous dans les rues. Je ne peux pas vraiment parler pour les femmes en banlieue ou à la campagne car je n’en fait pas partie mais je pense qu’il y a beaucoup de différences dans nos modes de vie et de perception des choses en général.

Comment avez-vous fait pour échapper à ces malades qui vous ont suivie?

Généralement on rentre dans des magasins, ou alors on a la chance de ne pas être seule ; sinon ce sont des agressions, à ce moment-là on ne peut pas faire grand chose d’autre que crier.

Quelle est l’expérience qui vous a le plus marquée?

J’ai toujours été beaucoup entourée par les bonnes personnes ; ça déjà, c’est marquant. Il y a des choses qui impactent encore ma vie aujourd’hui, qui datent de l’enfance et de l’adolescence. Je n’en dirai pas plus.

Quel ressenti avez-vous eu quand vous avez gagné votre premier salaire?

On est fier de soi, parce qu’on a accompli quelque chose, et en plus on touche quelque chose. C’est différent de l’école où personne ne nous paye. On est fier, on a envie de dépenser histoire de se dire : voila maintenant, j’ai la capacité de le faire. L’une de mes priorités a été de payer quelque chose à mes parents :  un resto ou un verre. J’avais gagné cet argent en faisant mon stage de 3ème, en donnant quelques cours d’anglais et en faisant des gardes d’enfants.

Selon vous, quel est le secret de la longévité du couple?

Je pense qu’il faut réfléchir à deux fois avant de se mettre en couple avec quelqu’un. Il faut trouver quelqu’un qui vous corresponde et vous apprécie. Beaucoup de gens disent que l’humour est essentiel, mais je pense qu’il faut avant tout trouver quelqu’un qui vous corresponde. Il faut communiquer énormément, être assez ouvert d’esprit et éviter tout jugement, sinon ça peut vite dégénérer. Sans communication, c’est le début de la fin du couple.

Faut-il tout se dire en couple

À partir du moment où il y a des choses qu’on cache à l’autre, c’est qu’il y a un problème. Normalement on n’est pas censé cacher quelque chose à la personne qu’on aime. Cacher, ça veut dire ne pas vouloir communiquer.

C’est vrai que mentir peut faire plus de bien que la vérité de temps à autre. Je pense qu’il y a des choses qu’on ne dit pas forcément à l’autre ; de toute façon il y a des choses qu’on ne dit pas, de l’ordre de l’intime par exemple, il est normal d’avoir son jardin secret.

À mon âge beaucoup de gens ne se disent pas tout et ça a tendance à être un problème aujourd’hui.

Quel souvenir avez-vous de la première fois où vous êtes tombée amoureuse?

Je me suis sentie addict de la personne, mais c’était réciproque, une journée sans le voir je me sentais mal, c’était vraiment une présence qui était vitale…

 

Qui est Sophie aujourd’hui?

Je ne sais pas si c’est à moi qu’il faut poser cette question ou aux gens qui m’entourent.

Je prends beaucoup de temps pour moi et j’estime que j’ai le droit de le faire étant donné l’âge que j’ai. Le retour que j’ai des autres sur moi : ils disent que je suis une fille drôle et ouverte d’esprit, toujours le sourire aux lèvres et qui a une très forte personnalité. Sinon on m’a déjà dit que j’étais « incroyable ». C’est flatteur mais est-ce vrai ? Allez savoir.

Quels sont vos objectifs à court terme?

Disons que j’ai souvent vécu en anticipant beaucoup de choses et en me posant beaucoup de questions, mais je me suis rendu compte que ça me fatiguait plus qu’autre chose. Aujourd’hui je ne me pose plus vraiment de question, je vis au jour le jour et pleinement.

Avez-vous peur?

Non. Si on a peur et si on se pose trop de questions, on ne profite pas de la vie, je le sais parce que je l’ai vécu. Je l’ai vécu avec un sentiment assez fort, mais pas un sentiment de peur.

Vous voyez-vous travailler pour vous-même ou pour quelqu’un d’autre?

L’inconvénient de travailler pour quelqu’un c’est qu’on n’est pas intégralement libre, on ne peut pas faire totalement ce qu’on veut, et vivre selon ses horaires. Mais après c’est quelque chose d’extrêmement incertain de se lancer seul, ou de se lancer à plusieurs. Il faut inventer un projet, créer quelque chose, il faut que ce soit concret… En fait je ne sais pas encore, je n’en sais rien.

Vous n’êtes ni féministe ni militante?

Non, mais ce n’est pas pour autant que je n’ai pas mon opinion. Je trouve qu’il y a des débats pour des choses sans intérêt : par exemple, il faut dire madame la Maire et pas madame le Maire, ça m’insupporte ! Ce n’est pas en féminisant les mots qu’on va défendre les droits des femmes. Je ne suis pas militante, mais j’exprime mes opinions, je suis contre tout ce qui est politiquement correct, ça m’insupporte. Je n’aurai jamais peur d’exprimer mon avis sur telle ou telle question mais je ne prendrai pas parti dans des débats vains. Ce serait tout simplement une perte de temps.

Quel sport pratiquez-vous ?

J’ai pratiqué 8 ans le karaté et 10 ans le tennis. Donc j’ai une bonne droite, il ne faut pas me chercher ! (rires).

Quelle image avez-vous des musées ?

Les musées sont des sanctuaires de culture.

Allez vous à des expositions et dans des musées ?

Oui assez souvent. J’aime beaucoup cela et je suis ouverte à toutes formes d’art.

De quand date votre dernière visite au musée ou votre dernière exposition?

C’était la semaine dernière, je suis allée au Louvre avec deux amis, histoire de dire bonjour à Mona Lisa.

Avez-vous déjà visité le musée des armées ?

Non jamais et j’avoue que ça ne me tente pas du tout.

Qu’est ce que ça vous évoque le musée de l’armée?

Un endroit glauque, peu intéressant, des armes sous des vitrines et des vagues habits et équipements militaires. Une touche d’histoire par-ci par-là….bref pas grand-chose de passionant à mes yeux.

 

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