Un musée est une richesse, c’est un témoignage de notre humanité…

Mathilde, 20 ans, étudiante en arts appliqués

Que faites-vous à Paris?

Cela fait trois ans que j’étudie les arts appliqués à Paris. Je suis originaire de l’Est de la France, de Strasbourg pour être exacte.

D’où vous est venue cette passion pour les arts appliqués?

J’ai une passion pour l’Art depuis toute petite : j’adorais créer. J’ai toujours fait des activités à côté comme du théâtre et de la danse. Puis c’est en grande partie grâce à mes parents, qui m’ont beaucoup aidé plus jeune à trouver ma voie plus professionnelle, que j’ai trouvé vers quelles études j’allais me diriger. Je les remercie infiniment aujourd’hui car je suis très heureuse de ce que je fais.

Vos parents vous ont encouragé à faire ce que vous faites dans le milieu artistique?

Oui, mais au début ils me disaient que si j’avais fait médecine ça aurait été plus simple ; mais maintenant ils sont fiers de ce que j’entreprends et ils me font confiance pour la suite, ils restent toujours attentifs et ils sont là si j’ai besoin.

Néanmoins, ils ne seront pas toujours là et je tente de devenir de plus en plus autonome… enfin, comme tous les étudiants !

Quel genre d’enfant étiez-vous?

Je faisais beaucoup de photos de l’intérieur de ma bouche, je la remplissais avec des bonbons et quand je les avais à peu près bien mâchés, je prenais des photos de ma bouche bien garnie ou de mes oreilles (rires). Et souvent, je prenais des photos de ma famille en gros plan ; j’aimais faire des photos bizarres et j’aimais bien créer aussi. Voici quel genre d’enfant j’étais : assez bizarre.

Sinon, quel genre d’enfantêtiez-vàous ?

J’étais une enfant très créative, et photographe amateur à la fois.

Vous avez beaucoup voyagé?

C’est relatif ; si on a déjà visité trois pays dans sa vie à 20 ans, ça sera beaucoup pour certaines personnes et moins pour d’autres.

J’ai visité plusieurs ville d’Europe, mais je suis encore jeune et j’espère que je voyagerai encore plus tard. La dernière ville en date qui m’a beaucoup plu était Istanbul. Les mosaïques du Palais de Topkapi, l’air du Bosphore, les loukoums à foison : j’en garde un très beau souvenir.

D’où vous est venu cette créativité?

La créativité c’est quelque chose que nous avons tous en nous, certaines personnes éprouvent simplement la nécessité de l’exprimer plus que d’autres. J’ai eu cette chance de la développer dans des activités et des projets qui me tenaient à coeur. La vie est faite de choix, moi j’ai fait le choix d’étudier l’Art car c’est là que je me sens le plus à l’aise et le plus acceptée.

Que faites-vous exactement?

Du design textile (il s’agit de ma formation actuelle) mais aussi du graphisme, de la photo, de la vidéo et du chant (sous la douche pour l’instant !)

Pouvez-vous en dire plus?

Dans ma formation de designer textile, on apprend à fabriquer un tissu, on va créer la matière première. Par exemple, votre jean c’est du tissage, mais c’est fait de manière industrielle ; nous, nous sommes plus aptes à faire des échantillons qui vont être proposés soit à des industriels pour la production de masse, soit pour la Haute Couture, ça dépend. On va également étudier les ennoblissements textiles comme la sérigraphie et également le motif et la couleur. C’est davantage cette partie qui m’intéresse car j’aime la répétition d’un graphisme et j’aspire à mettre ce graphisme en mouvement grâce aux arts numériques.

Vous voyez-vous créer votre boîte?

Carrément, mais pas une boîte s’occupant essentiellement de Design Textile. J’aime le textile mais pas pour ses aspects techniques. En Design Textile tu vas aussi te demander comment mettre en valeur ton travail, jouer sur la lumière pour les prises de vue de certains produits que tu auras créés. Ou alors, comme je le disais tout à l’heure, j’aime aussi le textile pour tous ce qui est de l’ordre du motif, la mise en raccord ; c’est pour ça que j’ai envie de lier le tissu au graphisme et à la photographie/vidéo.

Plus tard, j’aimerais monter ma boîte de communication visuelle où je pratiquerai l’ensemble de ces domaines, le textile est une spécialité très ouverte et je ne regrette vraiment pas d’avoir choisi ces études.

Quel est l’art où vous vous exprimez le mieux?

Je pense à la photo et à la vidéo. Mais je pense « qu’exprimer un art » ça passe d’abord par l’esprit que par le tangible ; par exemple, quand tu écoutes de la musique le matin et quand tu vois un tas de choses bouger autour de toi, c’est une manière de s’exprimer à l’intérieur et qui peut-être plus spirituelle. Après, c’est une approche très personnelle.

Qu’est-ce que vous comptez apporter de plus dans ce milieu?

J’ai envie de faire rire les gens, j’ai envie de faire des projets qui amuseront les personnes et qui apporteront du bonheur dans ce monde. Mais il y a d’autres artistes qui le font très bien. J’ai envie de poursuivre leur démarche et d’apporter une dose de joie de vivre dont les gens ont besoin.

Comment faire pour reconnaître votre touche ou style personnel?

Je suis un peu schizophrène, j’ai une patte un peu extravagante mais même temps il y a un aspect un peu sombre dans mon travail. Au début c’est extrêmement drôle mais quand on creuse un peu, on trouve ça plus intriguant. Ça reste toujours comique, c’est un peu burlesque sur les bords dans la plus part des cas.

Ces derniers temps je bascule mon travail vers une approche un peu plus poétique, voire psychédélique, où j’utilise beaucoup d’effets de symétrie.

Êtes-vous militante?

Je ne suis pas militante engagée, je ne suis pas inscrite dans une association, je ne vais pas manifester dans la rue. Mais dans le quotidien s’il y a quelque chose que je trouve inapproprié de la part de certaines personnes, je me permets de leur dire ; par exemple, de ne pas mettre la bouteille en verre dans la poubelle normale, c’est des choses qui ne se font plus du tout. C’est ma manière de militer et ça devrait être la manière de chacun aussi même si elle est moindre. L’écologie est aujourd’hui devenue une nécessité : on ne peut plus vivre comme avant.

Les préjugés sexistes font partie des autres causes qui me travaillent. Je ne m’en suis jamais aussi bien rendue compte qu’à mes 20 ans. Notre société est entièrement fondée sur une image de la femme faussée avec des critères profondément discutables. Ce n’est pas en abaissant ces critères une seule fois dans l’année – le 8 mars – que les choses vont changer, même si elles aspirent progressivement à le faire. Remettons en cause la publicité. L’autre jour je marchais dans la rue et je voyais une enseigne de service ménager présentant essentiellement des femmes passant l’aspirateur : c’est inadmissible. Il y en a marre de ces préjugés. Ne dénigrons pas les hommes, simplement rendons possible une culture juste en vers les deux sexes.

Que veut dire le mot liberté pour vous?

C’est être libre de penser ce qu’on veut, c’est un mot qui es dur à décrire, c’est faire ses propres choix, et respecter les choix des autres.

Est-ce que vous vous sentez libre?

Dans le milieu artistique, les gens se sentent plutôt libres, parce qu’on est libre d’exprimer les choses (enfin c’est discutable en fonction des pays).

J’ai eu la chance qu’on me laisse la possibilité de me sentir libre. Après c’est de la philosophie…

Que pensez-vous de tous ces réseaux sociaux?

Je trouve qu’en tant que futur designer c’est vraiment intéressant, ça me permet de montrer mon travail et aussi de m’inspirer de celui des autres ; pas de plagier, mais de s’inspirer. D’un point de vue plus social, il y a des mauvais et des bons côtés. Il faut prendre beaucoup de recul vis-à-vis de tout ça et ce n’est pas toujours évident.

Que pensez-vous de tout ces sites de rencontres?

Tout dépend de ce que tu recherches…

Pensez-vous que les rencontres à l’ancienne sont meilleures?

Oui complètement, je suis fleur bleue et très romantique. J’aime qu’on m’accoste dans la rue pour me dire que j’ai des jolis yeux et si la personne en a aussi, alors la vie est belle.

(rires). S’il a une rose à la main, c’est encore mieux.

Un homme qui vous aborde la rue c’est gênant?

Ça dépend pour quel sujet, il faut toujours être ouvert aux autres. Après il faut aussi garder une petite part de méfiance, on peut parfois tomber sur des gens un peu bizarres…

La femme est plus libre dans les grandes villes, en banlieue ou dans les campagnes?

Je trouve qu’à la campagne dans les petits villages on n’est moins libre qu’à Paris, mais ça dépend des aspects. Dans un village tout se dit et tout se sait. Mais on est aussi libre de respirer l’air frais !

Comment faites-vous pour vous évader?

Je mets mes écouteurs et c’est parti, je pars très loin.

 

Quel est le rôle de la musique dans votre  vie ?

Ce n’est pas un rôle, c’est toute ma vie, elle fait partie intégrante de moi.

Quelle image avez-vous des musées ?

J’adore ça ! J’aime beaucoup aller au palais de Tokyo notamment, car ils proposent beaucoup d’installations, de performances et c’est comme ça que j’envisage une partie de mon travail plus tard.

Vous souvenez-vous de votre dernière exposition ?

Je crois que ma dernière exposition en date était sur les costumes de Michael Jackson au Grand Palais, pas terrible d’ailleurs …

Que represente pour vous les musées ?

Un musée est pour moi est un lieu d’échange et de sensibilité: on peut parfois être sidéré par une oeuvre comme par certains films. Un musée est une richesse, c’est un témoignage de notre humanité.

Quelle est la première fois qui vous a marquée?

La glace au kiwi, j’ai adoré ça ! Je m’en souviens encore comme si c’était hier, j’ai une mémoire gustative.

Quel ressenti avez-vous eu la première fois que vous avez habité seule?

J’ai pleuré, car j’avais un petit copain à l’époque et je ne connaissais pas cette émotion qu’était le manque. C’était horrible, j’avais l’impression qu’on me poignardait le cœur.

Vous avez appelé votre maman toutes les heures?

Non, j’ai appelé mon petit copain tous les soirs, mais ma maman, mon papa et mon frère me manquaient beaucoup aussi.

Qu’avez-vous fait avec votre premier salaire?

J’ai acheté mon outil de travail, mon ordinateur, et j’ai compensé avec mes économies du baby-sitting.

 

Quel est le secret de la longévité en couple?

Il ne faut rien attendre de l’autre, mais ça c’est valable dans toutes les relations.

Qui est Mathilde aujourd’hui?

J’ai l’impression d’être presque bipolaire, il y a des moments ou parfois j’ai cet envie de me jeter sous le métro et après il y a des moments ou j’ai envie d’embrasser presque tout le monde. Sinon c’est cool, en ce moment je suis heureuse.

Comment vous voyez-vous dans 5 ou 10 ans?

Je vis l’instant, je ne sais pas où je serai dans 10 ans ; je ne sais pas et je n’ai pas vraiment envie de le savoir…

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