Bonjour Nadine, d’où venez-vous ?
Du Canada. Comme tu le vois, ma peau a été bronzée par les doux rayons de soleil de l’hiver québécois.
Vous avez de la chance, ce n’est pas tout le monde.
En effet, j’ai de la chance ! (Rires)
Pouvez-vous me décrire en quelques mots votre parcours ?
Je suis née au Québec, de parents haïtiens. Je suis en France depuis vingt-cinq ans, je suis assistante de direction, à côté, je fais du one-man show, j’ai aussi fait de la danse, du chant, du théâtre, de l’impro, je joue aussi de la batterie
Si je comprends bien, vous avez plus un côté artistique ?
Oui, j’ai un côté artistique très présent.
Comment votre fibre artistique s’est-elle autant développée ?
Naturellement, par passion, c’est en moi, matin, midi et soir
Avez-vous grandi dans le milieu artistique ou êtes-vous aller le chercher ?
J’ai été le chercher. Dans ma famille, c’est très mal vu, d’être un artiste. Mon père disait que « c’est un milieu superficiel, fait pour les gens paresseux et sans ambition ».
Dans ce cas, avez-vous grandi avec les livres ?
Pas spécialement, j’étais plutôt fascinée par les acteurs, les comédiens que je voyais à la télé. J’adorais les voir jouer, je voulais être à leur place !
Quel genre d’enfant était Nadine ?
Petite j’étais bavarde, voire trop bavarde, surtout avec les gars qui me plaisait…Puis je suis devenue très timide, mais en même temps, j’étais une petite fille qui avait toujours envie de s’amuser et de jouer avec ses amis!
Que pensaient vos professeurs de vous ?
Ils devaient penser que j’étais une élève très calme, qui respectait les règles à la lettre. J’avais pas le choix, une remarque un tant soit peu négative de la part de mes profs et je me faisais cartonner par mon père donc j’avais pas le choix d’être une bonne élève
Dans quel art vous exprimez-vous le mieux, sachant qu’il y en a tant d’autres ?
Le one-man show, le chant, la danse
Pourquoi la danse ? Pourquoi le chant ? Et non la peinture, l’écriture ou un autre art manuel ?
La peinture ça sera peut-être pour mes vieux jours…Pour le chant et la danse, c’est dans mon sang, dans mes tripes, c’est comme ça, ça ne s’explique pas !
Est-ce que vous créez vous-même vos chorégraphies ?
Non, je laisse ça aux professionnels !
Vous preniez juste des cours ?
Oui et ça me va très bien comme ça ! J’ai eu d’excellents profs, de flamenco, Marisol Jimenez et Elvira Velasco, de hip-hop jazz Mia Frye, de danse orientale, Leila Haddad donc je n’ai pas à me plaindre !
Vous écrivez vous-même vos pièces ?
J’écris mes sketchs
Pour d’autres personnes aussi ?
Non pas encore.
Où puisez-vous votre inspiration ? Qu’est-ce qui vous motive à écrire ?
Ma vie quotidienne, les choses que je vois, qui me marquent, ou me frustrent. Mes questionnements, les choses que je trouve étranges, bizarres
A quel moment vous sentez-vous le plus inspiré ? La nuit, la journée ? Ou ce sont des pulsions ?
Evidemment les idées arrivent à n’importe quel moment. Parfois, je peux être dans mon lit, crevée, sur le point de dormir et des idées de sketchs me viennent en tête ! Même si je suis fatiguée, je me lève et j’écris ! Après, je dors comme un bébé !
Je me fais surtout des séances d’écritures parce que c’est en écrivant que me viennent les vannes !
Quels sont vos projets à court terme ?
Jouer mon deuxième 30 minutes le 22 octobre. Je partage 60 minutes avec Sophie Nguyen, que tu connais. La première, c’était le 10 septembre et c’était génial ! Voir les gens rigoler sur un texte sur lequel tu as travaillé pendant de mois et des mois, quel pied ! La prochaine étape, c’est d’écrire et de jouer mon spectacle d’une heure !
Où allez-vous puiser l’énergie qui vous permet de développer votre créativité ? Est-ce que vous vous servez de la souffrance, de la frustration pour écrire vos textes pour les 30min (frustration, colère, haine, etc.) ? Comment allez-vous faire la mise en scène ?
Pour la mise en scène, on est aidé par les professeurs de l’école du one-man Show.
Ce n’est pas forcément la frustration qui me sert d’inspiration, ce sont les choses qui me marquent qui me pousse à écrire, que ça soit positif ou négatif. Ce sont des instants qui sortent de l’ordinaire et qui me font dire « mais qu’est-ce que vient-il de se passer là… ? ». C’est le caractère invraisemblable de certaines situations qui m’inspire
Quel est le rôle du théâtre dans votre vie ?
Il m’inspire pour jouer des personnages ou des situations dans mes sketchs
Qui sont les comédiens qui vous influencent ?
Etant donné que j’ai grandi au Canada, j’ai beaucoup été influencée par les comédiens américains, comme Jackée Harry, de la série 227, une sitcom américaine, que j’adorais quand j’étais ado. J’adorais aussi les sitcoms « The Facts of Life », « Gimme a break », « The Cosby Show ». Aujourd’hui mes standuppers/humoristes préférés sont : Dave Chappelle, Bill Burr, Jim Gaffigan, Wanda Sykes, Fadily Camara, Elodie Poux, Fabrice Eboué, Ahmed Silla et y’en a encore plein d’autres !
Que pensez-vous apporter en plus ?
Mon histoire, mon point de vue sur les choses. Partager de façon humoristique, ce qui me fait plaisir ou me fait chier, ce que j’adore ou déteste. C’est ma vision des choses et c’est différent pour chaque humoriste
Oui c’est ça, on va chercher au fond de nous, c’est une espèce de frustration ?
Pas forcément, c’est vrai qu’il y a un côté coup de gueule mais il est humoristique ! On peut aussi parler d’un truc qu’on kiffe voir surkiffe !
Et quel est le but de tout ça ?
Faire rire les gens !
Est-ce que vous vous sentez libre lorsque vous parlez de rêver ?
Oui, je me sens plus libre, les rêves sont les seuls endroits où on est en totale liberté
Ça fait combien de temps que faites-vous ce métier ?
Je suis encore une novice, j’ai commencé y’a 4/5 ans,
Ah c’est tout frais, donc quels sont les pièges ?
Croire qu’on va y arriver du jour au lendemain
Le public vous suit vraiment ?
Oui, si on a un sketch bien écrit, drôle, intéressant, le public suit. Grâce au Big show, un plateau d’humoristes créé par Alexandre Delimoges, le directeur de l’école du One-Man Show, on a la chance de jouer devant un public ! C’est une opportunité exceptionnelle de jouer ses sketchs, ça permet de s’améliorer, de progresser et de rester humble par rapport à ce métier.
Catalyser les problèmes de vos souffrances devant un public… Moi je le vois comme ça, lorsque je vois un artiste sur scène ou un comédien, j’ai du mal à voir autre chose que quelqu’un qui libère ses frustrations, sa colère…
Oui mais il t’emmène dans son histoire de façon humoristique et drôle. Tu ris avec lui de ses problèmes. ses angoisses, ses névroses car il les assume suffisamment pour en parler et en rire avec le public
Avez-vous déjà eu des agents ou des producteurs ? Êtes-vous aller taper à leurs portes ?
Non pas encore. On a de la chance à l’école du One-Man Show, on est entouré de professionnels du milieu qui nous guident et nous mettent le pied à l’étrier.
Un autre moyen de rencontrer des professionnels, c’est d’aller au festival d’Avignon pour y jouer son spectacle.
C’est un peu à la mode ? C’est à la mode de coucher pour réussir dans votre milieu ? (Rires)
Il faut surtout faire rire ! (rires) On peut coucher après si on veut mais la priorité c’est faire rire les gens !
Que pensez-vous de tous ces réseaux internet ? Les réseaux sociaux, Instagram, Facebook, etc. ?
Ils sont très intéressants, c’est un moyen incontournable pour se faire connaître en tant qu’artiste !
Que pensez-vous de tous ces sites de rencontres ?
Comme dirait une ancienne prof de théâtre « C’est bien mais ce n’est pas bien »
C’est bien parce que ça permet de rencontrer pleins de gens, pas besoin de sortir ou de se pomponner pour aller draguer en boîte mais la partie négative, c’est qu’on sait pas forcément sur qui on tombe, la personne sur qui on a flashé, ça peut être un personnage fictif, c’est facile de se fabriquer une identité sur internet. Moi j’aime la magie de la rencontre, du premier regard. Je suis à l’ancienne !
Quel est le rôle de la musique dans votre vie ?
La musique est très présente, mon téléphone, c’est pas un téléphone, c’est un baladeur mp3 !
Mais vous n’avez pas l’impression que toute cette nouvelle technologie nous isole et on a plus de contact les uns avec l’autres ?
Oui mais en même temps, c’est hyper accessible. Pas besoin de sortir son lecteur mp3 ou son discman, t’as juste à appuyer sur une touche de ton téléphone !
Qu’avez-vous ressenti la 1ère fois que vous avez vécue seule ? Etiez-vous triste ?
Non pas du tout, je me suis dit : « Enfin ! » Je peux faire ce que je veux quand je veux, aucun compte à rendre à personne 😊 !
Qu’avez-vous ressenti la 1ère fois que vous êtes montée sur scène ? Quand vous êtes toute seule face à un public qui vous regarde ce n’est pas facile.
La première fois que je suis montée sur scène, j’avais six ans, c’était dans un spectacle de danse classique, j’étais une des petites souris de Cendrillon. Je portais un tutu gris avec une queue de souris ! Si ça ne tenait qu’à moi, j’aurais dansé jusqu’à la fin du spectacle, j’aurais pris sa place de Cendrillon !
La première fois que je suis montée sur scène pour jouer un sketch, avant de le jouer, j’étais très nerveuse. Sur scène je me suis éclatée et à la fin du sketch je me suis dit : « c’est déjà fini ☹ ? ».
Qu’avez-vous ressenti la première fois que vous avez touché votre premier salaire et qu’en avez-vous fait ?
J’étais super contente, je pouvais m’acheter les choses que je voulais ! J’avais 16 ans, je me suis sentie très Independant Woman !
Quelles émotions avez-vous ressenti la première fois que vous êtes tombée amoureuse ?
J’étais envahie par quelque chose de beau et d’euphorisant. J’avais le cœur qui palpite, j’étais sur un nuage, je planais presque .
Pour vous, quel est le secret de la longévité du couple ?
Si je le savais, ça se saurait…Je pense que c’est beaucoup de travail, rien est acquis. Faut savoir faire des compromis, des concessions mais il faut surtout savoir communiquer. Au début tout est beau et à un moment donné, ça l’est moins…Faut développer une complicité au fil des années parce que l’amour ça fait pas tout. C’est un travail de tous les jours mais ça vaut le coup d’être vécu !
Est-ce que vous vous considérez comme une artiste ? Et pour vous quel est le rôle de l’artiste dans la société ?
Oui, je me considère comme une artiste. L’artiste pour moi, c’est la personne qui fait rêver, qui sort les gens de leurs quotidiens. L’artiste permet aux gens de s’évader, de rêver, d’être ému, de déconnecter pendant quelques minutes ou quelques secondes du boulot, du travail, des enfants. On bascule dans monde un peu parallèle avec les artistes.
L’artiste nous fait aussi réfléchir, éveille nos sens et nos consciences à travers la mode, la peinture, la sculpture, le théâtre, la musique, la danse, l’humour. Tout ce qui nous permet de nous déconnecter de la réalité cartésienne.
Allez-vous à des expositions ou dans les musées ?
En ce moment, vu la crise sanitaire non. La dernière expo que j’ai faite, c’était à la fondation Louis Vuitton, c’était super !
Avez-vous déjà visité le musée de l’ Armée?
Non, je préfère plutôt le musée du Louvre ou le musée d’Orsay
Que faudrait-il rajouter selon vous pour que les gens aillent plus au musée ? Il n’y a pas bcp de jeunes qui s’y rendent…
Peut-être parce que les jeunes ont une image poussiéreuse des musées.
Le numérique, les applis, c’est incontournable pour attirer les jeunes, peut-être qu’il faudrait créer un compte « la Joconde » sur Tik Tok…?
Quelle est la ville qui vous ressemble le plus ?
New York ! J’adore cette ville !
Quel sont vos objectifs d’ici 2 ans ? Combien de sketchs doit contenir votre One Man Show ?
Ecrire et jouer mon One woman show ! Le One man show, c’est un spectacle d’une heure. Pour le nombre de sketchs, ça dépend, si tu pars sur une durée de 5min par sketch, ça fait 12 sketchs mais un one man show, c’est pas juste une succession de sketchs, il faut qu’il y ait une histoire, un fil conducteur.
Qui est Nadine aujourd’hui ?
Quelqu’un d’apaisée, de plus en plus en phase avec elle-même et peut-être dans quelques années, mariée avec des enfants, à voir…
Vous sentez-vous concerné par le développement durable ? Quel est le premier geste que vous faites en rentrant chez vous ?
A part refermer la porte derrière moi, tu veux dire ? (Rires)
Le développement durable c’est important, voire primordial ! Au Canada, le tri sélectif se fait depuis le milieu des années 80, quand je suis arrivée en France en ’95 et que j’ai vu que tout le monde mettait le plastique, le verre et les déchets dans la même poubelle, j’étais TRES surprise, heureusement les choses ont évolué. La planète a besoin qu’on la protège, il nous reste très peu de temps avant qu’il soit trop tard, donc prenons soin d’elle !
Êtes-vous une militante ?
Pas forcément, y’a des causes qui me tiennent à cœur l’égalité homme/femme, je suis pour la diversité dans la société
Pensez-vous être investie d’une mission ? Avez-vous une mission sur terre ?
Je ne sais pas, très bonne question !
Merci beaucoup, j’espère que vous allez réaliser votre One Man Show et qu’il aura du succès.
Merci !